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L’animation, à la fois volontaire et professionnelle : un débat au cœur des rythmes scolaires

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La réforme des rythmes scolaires a-t-elle été l’occasion de valoriser les métiers de l’animation ? Non, estime le SEP (Syndicat de l’éducation populaire)-UNSA, qui a adressé, le 9 septembre, une lettre ouverte au ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, Patrick Kanner. « Nous vous demandons de tenir compte de ce secteur qui, dans sa globalité, compte aujourd’hui près de 800 000 salariés », écrit le syndicat.

A l’origine de sa missive : la dernière réunion, le 16 juillet, du Conseil national de l’éducation populaire et de la jeunesse (CNEPJ) – instance consultative placée auprès du ministère et rassemblant des représentants de l’Etat, des collectivités locales, des syndicats de salariés et des associations –, lors de laquelle ont été présentés, dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires, de nouveaux projets de textes réglementaires assouplissant les normes d’intervention dans les accueils collectifs de mineurs.

En 2013, les taux d’encadrement avaient déjà été modifiés et un arrêté du 12 décembre 2013 avait permis, à titre transitoire, aux titulaires du brevet d’aptitude aux fonctions de directeur (BAFD) d’assurer la direction des accueils de loisirs pendant les heures qui précèdent et suivent la classe, à partir de 80 jours et pour un effectif supérieur à 80 mineurs. Au-delà de ces seuils, le brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (BPJEPS, de niveau IV) est normalement requis. Pour 2014, le ministère a annoncé l’extension de cette dérogation (le préfet pouvant donner son autorisation pour trois ans, non plus pour un an). Mais il a aussi allongé la liste des diplômes permettant d’encadrer des mineurs en accueil collectif, en y incluant notamment le brevet d’aptitude professionnelle d’assistant animateur technicien de la jeunesse et des sports (Bapaat, de niveau V). « Pour nous, la réforme devait avoir pour objectif de tenir compte des rythmes de l’enfant, mais aussi d’améliorer la qualité éducative en permettant à tous les acteurs éducatifs de travailler ensemble hors du temps scolaire, explique Patrice Weisheimer, secrétaire général du SEP-UNSA. Mais rien n’a été fait pour augmenter les compétences, aucun financement n’a été prévu pour former les personnes. Au contraire, on a dérégulé l’encadrement et la qualification pour que la réforme coûte le moins cher possible aux communes ! » Le syndicat, qui réclame par ailleurs un « pôle interministériel éducatif », réunissant les ministères de l’Education et de la Jeunesse, en veut pour preuve que « de nombreux animateurs titulaires de diplômes professionnels sont toujours au chômage ». Estimant que le BPJEPS « est le minimum à atteindre », il réclame « un cap politique permettant de déterminer le niveau de compétence et de qualification des animateurs, ainsi que des modalités d’accès aux formations professionnelles actuellement inaccessibles financièrement aux animateurs ». Des travaux que devrait, à ses yeux, engager la commission de travail que l’ancienne ministre de la Jeunesse, Najat Vallaud-Belkacem, « s’était engagée le 16 juillet à mettre en œuvre ».

Ces préoccupations rejoignent en partie celles des employeurs associatifs. « Nous partageons avec les syndicats de salariés la position que le métier d’animateur commence au niveau IV », indique Sophie Dargelos, représentante du CNEA (Conseil national des employeurs d’avenir) au CNEPJ, soulignant les efforts déployés par les associations pour former des professionnels sur les fonds de la formation continue. En 2009, ajoute-t-elle, la branche a créé un certificat de qualification professionnelle « animation périscolaire », « conçu comme un diplôme tremplin vers le BPJEPS », puisqu’il permet de valider certains acquis.

Si elles regrettent les nouvelles dérogations prévues par le ministère, les fédérations de l’éducation populaire, par ailleurs partie prenante dans la conception des projets éducatifs locaux, estiment que les enjeux de la professionnalisation du secteur ne doivent pas occulter un autre versant sur lequel il s’est construit : l’animation volontaire, dans sa dimension d’engagement militant et citoyen. « La question de la professionnalisation doit être articulée à la nécessité de conserver la dynamique de l’animation volontaire », souligne Denis Louiset, responsable national du secteur de l’animation aux CEMEA. D’autant, estime-t-il, « qu’il serait illusoire de penser qu’une intervention de 45 minutes par jour pendant une semaine peut permettre d’employer uniquement des professionnels ». Pour cela, rappelle-t-il, la création d’un statut d’animateur volontaire, revendication de la plateforme Jeunesse au plein air restée à ce jour sans réponse, devrait être remise à l’ordre du jour. « Au regard de ce que nous estimons être l’éducation et la qualité de l’action éducative, les questions liées aux besoins d’encadrement, aux conditions de travail et au sous-emploi des animateurs doivent être abordées en même temps que la nécessité d’avoir de vrais espaces d’engagement citoyen pour les jeunes », considère aussi Irène Pequerul, représentante des Francas au CNEPJ, par ailleurs présidente du Cnajep (Comité pour les relations nationales et internationales des associations de jeunesse et d’éducation populaire). « Pour cette raison, au nom des membres du comité, qui m’avaient donné mandat de parler en leur nom le 16 juillet, j’ai demandé qu’au-delà de la commission de travail sur la professionnalisation, il puisse y en avoir une sur le volontariat et une autre sur la politique du ministère en matière d’accueil collectif des mineurs », précise-t-elle.

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