Parce que les hôpitaux en général – et les hôpitaux psychiatriques en particulier – sont désormais des centres de soins aigus, ce sont les structures médico-sociales qui accueillent au long cours des enfants ou des adultes atteints d’un large éventail de handicaps et de pathologies, fait observer Michel Brioul, psychologue clinicien, coordonnateur de cet ouvrage collectif. Comment travaillent les équipes de ces établissements ? Inscrivant leur contribution sur le terrain du quotidien institutionnel, plusieurs professionnels donnent à voir leurs pratiques et leurs questionnements. Ainsi Guillaume Scalabre, adjoint de direction d’un foyer de vie, interroge les enjeux d’une rencontre authentique avec les personnes accueillies, une rencontre impliquant de « se laisser “toucher” par l’autre […] sans s’égarer du côté de l’illusion identitaire ou de la compassion facile ». A cet égard, le corps, l’apparence corporelle, a une grande importance, parce qu’il est difficile de se reconnaître dans l’autre handicapé, développe Xavier Gallut, psychanalyste et formateur de travailleurs sociaux. Lors des toilettes, le travail d’accompagnement éducatif spécialisé fait évidemment une large place au corps. Et aussi, le cas échéant, à la créativité des aides médico-psychologiques (AMP). Par exemple, celle de Céline Vergne, qui a inventé un langage de pictogrammes (photos ou dessins) pour qu’une personne âgée dépendante ayant des difficultés d’élocution puisse, au moment de la toilette, communiquer ses ressentis, ses désirs et ses demandes en matière de soins esthétiques et d’hygiène, ainsi que ses contrariétés, émotions et éventuelles douleurs.
Chroniques médico-sociales. Accompagner au quotidien dans une institution en mutation
Sous la direction de Michel Brioul – Ed. Presses de l’EHESP – 25 €