« Nous ne sommes pas déçus, le mot est trop faible, mais à la fois désabusés et dans la révolte. » Les propos de Patrick Doutreligne, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre, résument la teneur de la conférence de presse « de rentrée » de l’organisation, le 12 septembre, essentiellement consacrée au plan de relance pour le logement(1). Celui-ci était attendu sur trois aspects, a-t-il souligné : le logement social, l’accession à la propriété et l’investissement locatif. Sur le premier point, « il n’y a rien », a-t-il de nouveau regretté, indiquant néanmoins que les acteurs du logement social étaient dans l’attente d’éventuelles annonces du Premier ministre à l’occasion du prochain congrès de l’Union sociale pour l’habitat, à la fin septembre.
Au final, c’est sur l’investissement locatif que s’est focalisé le plan présenté par Manuel Valls, qui a aussi revu à la baisse les dispositions de la loi ALUR censées favoriser l’accès au logement. Pour justifier l’expérimentation de l’encadrement des loyers à Paris et dans les villes « volontaires », au lieu de sa mise en œuvre dans 28 métropoles, « il y a eu deux arguments, a pointé Christophe Robert, délégué général adjoint de la Fondation Abbé-Pierre. L’argument technique a été de dire que les observatoires nécessaires ne sont pas opérationnels. C’est vrai, c’est compliqué, mais ce n’est pas parce que c’est difficile à mettre en œuvre qu’il faut renoncer. L’autre argument est celui de la “perte de confiance” des investisseurs. Là-dessus, on a tout entendu et c’est bien la première fois qu’une loi qui n’est pas encore en application aura produit autant d’effets sur le marché… », a-t-il ironisé. « La crainte d’un blocage général du marché est, à nos yeux, totalement infondée », a-t-il ajouté, rappelant que la loi ALUR ne prévoyait que l’encadrement des très hauts loyers, dans les zones tendues.
Ces critiques sont étayées par les résultats d’une étude menée pour la fondation par l’institut IPSOS sur la perception, par le grand public, du plan de relance du gouvernement en faveur du logement. Principal enseignement: l’encadrement des loyers est globalement soutenu par les sondés, dont 44 % se déclarent « concernés » par cette disposition. L’idée « de l’abandonner » est regrettée dans la même proportion, tandis que 21 % jugent qu’y renoncer est une bonne chose. Par ailleurs, plus de la moitié des personnes interrogées (56 %) souhaitent que ce dispositif soit élargi à un nombre plus important de grandes villes.
Les réponses sont plus partagées sur les effets attendus de l’encadrement des loyers : si 63 % des sondés s’attendent à des effets positifs, ils sont autant à penser que cela peut avoir un effet bloquant sur le marché. Deux réponses qui ne sont « pas incompatibles », a justifié Patrick Doutreligne, selon qui « l’encadrement des loyers était un engagement du président de la République qui doit être respecté ».