Alors que les difficultés des sans-abri sont globales, les dispositifs destinés à les aider sont souvent conçus de manière fragmentée : un intervenant est plus particulièrement chargé de s’occuper du logement, un autre de la santé, un troisième du volet professionnel, etc. Lucile Jouaux, directrice adjointe d’une association d’action sociale opérant dans le domaine de l’habitat, s’élève contre cette segmentation de l’abord des personnes SDF. D’autant qu’elle se double d’une dissociation entre les lieux qui fonctionnent sur le mode de l’urgence humanitaire – lieux pour manger, lieux pour se soigner, lieux pour dormir – et ceux qui travaillent dans une perspective d’insertion durable des exclus. Présentant son expérience passée d’assistante sociale « sans bureau fixe », qui intervenait à Tours pour le compte de cinq associations et naviguait entre accueil de jour, foyers d’hébergement d’urgence, bar associatif et centre de soins gratuits, l’auteure montre comment sa propre itinérance entrait en résonance avec celle des sans-abri et favorisait la rencontre avec eux – moment-clé de l’accompagnement. A partir de cette accroche relationnelle et des liens établis par l’assistante sociale entre les différentes structures, il était possible d’éviter les interventions multiples et un trop grand saucissonnage de la prise en charge, témoigne l’intéressée. Se situant entre le dedans de l’urgence et le dehors du système de droit commun, cette modalité de travail permet d’introduire de la coopération entre des acteurs complémentaires et « encourage la mise en mouvement des personnes », développe Lucile Jouaux.
Pour une pratique innovante dans l’accompagnement des personnes SDF
Lucile Jouaux – Ed. L’Harmattan – 21 €