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Vers l’ouverture de centres d’accueil pour les migrants à Calais

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Comment mieux venir en aide aux migrants de Calais, sans créer un « nouveau Sangatte » ? Alors que plusieurs associations n’ont cessé d’alerter, cet été, sur l’urgence d’améliorer les conditions de vie des migrants qui échouent en nombre dans le Calaisis, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, et la sénatrice-maire (UMP) de Calais, Natacha Bouchart, sont parvenus à un d’accord, le 2 septembre, sur le principe d’ouvrir prochainement un centre d’accueil de jour, ainsi qu’un hébergement destiné aux femmes et aux enfants. La ville de Calais pourrait, à cet effet, mettre à disposition un centre de loisirs d’une capacité d’accueil de 1 400 enfants, a précisé Natacha Bouchart, mais à condition que l’Etat en finance le fonctionnement. Ce centre pourrait aussi servir d’hébergement d’urgence en cas d’activation du plan « grand froid ».

Ces annonces vont dans le sens des précédentes déclarations faites par le préfet du Pas-de-Calais, Denis Robin, qui avait reconnu la nécessité d’améliorer « les prestations délivrées aux migrants, qui doivent tout naturellement avoir accès à des points d’eau, à des sanitaires, à des services de santé, à la distribution des repas ». Le représentant de l’Etat avait, en revanche, confirmé que le gouvernement n’était pas favorable à la création d’un grand centre d’hébergement pour migrants, comme le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve l’avait lui-même réaffirmé deux jours plus tôt, soulignant son refus de « créer un centre d’accueil qui soit un nouveau point de convergence des migrants ».

Protestant cependant de sa volonté « de créer les conditions d’un accom­pagnement le plus humain possible », le ministre de l’Intérieur a confié une mission au président de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES), Jérôme Vignon, et au préfet honoraire Jean Aribaud, « sur les moyens et dispositifs à mettre en place pour assurer une prise en charge satisfaisante des populations migrantes sur le territoire du Calaisis, sans provoquer sur un même territoire un phénomène de concentration peu maîtrisable ». Cette mission institutionnelle – à laquelle participent aussi, notamment, Médecins du monde et le Secours catholique – doit rendre ses conclusions en mars 2015.

« Ce dont on peut se satisfaire, c’est qu’aujourd’hui, aussi bien le ministre de l’Intérieur que la maire de Calais ont réalisé la gravité de la situation et sont d’accord avec les associations sur le terrain pour reconnaître que les moyens actuels sont largement insuffisants », a réagi le directeur des opérations France de Médecins du monde, Jean-François Corty. La solution ne passe certes pas par la création d’un seul centre mais de plusieurs, « pour ne pas retomber dans les travers de Sangatte, qui était devenu ingérable », explique-t-il, l’ancien centre géré par la Croix-Rouge ayant été très vite submergé par les besoins jusqu’à sa fermeture, en 2002. Pour autant, prévoir un centre de jour pour les hommes adultes et un hébergement pour les femmes et les enfants reste très en deçà de la demande de l’association d’assurer « un accueil inconditionnel des personnes ». Car « c’est la question de la vulnérabilité qui induit la nature de la réponse », souligne Jean-François Corty, en évoquant les migrants fragilisés à leur arrivée en France. « Il y a une forme d’incohérence à les accueillir le jour et à les remettre dehors le soir », estime-t-il, sans oublier que « tout le monde n’aura pas accès à ces dispositifs » et qu’il faut aussi, plus généralement, dans l’aire de Calais, « améliorer l’accès à l’eau, à la santé, aux soins, à l’hygiène, aux droits fondamentaux ». En visite dans un campement le 3 septembre, le porte-parole en France du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés voit un autre avantage dans cette décision : les demandeurs d’asile « ont le droit d’être hébergés. Le problème, c’est que la plupart des gens à Calais ne veulent pas rester en France », a commenté William Spindler auprès de l’AFP. « Notre idée, a-t-il ajouté, c’est de fournir des informations à ces personnes pour qu’elles comprennent les différentes options, dont la demande d’asile en France. »

La maire de Calais qui, par ailleurs, a menacé de bloquer le port de la ville et ainsi de faire pression sur Londres pour obtenir de l’aide face à l’afflux de migrants désireux de rejoindre l’Angleterre, a reçu le 7 septembre une réponse pour le moins inattendue : le secrétaire d’Etat britannique à l’immigration a annoncé, pour empêcher les clandestins de rejoindre le Royaume-Uni, sa volonté d’offrir au port de Calais les barrières de sécurité utilisées pour protéger le dernier sommet de l’OTAN. « Un cynisme so british ! », se désole France terre d’asile, tandis que l’élue a répondu par l’ironie, en évoquant sur Twitter l’idée de mettre sa menace à exécution… grâce à ces clôtures.

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