Avec 8,5 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté monétaire, soit 987 € par mois (correspondant à 60 % du niveau de vie médian), le taux de pauvreté s’élevait en 2012 à 13,9 % de la population en France métropolitaine. C’est ce que montrent les chiffres rendus publics par l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) le 9 septembre(1). Ce taux est en baisse de 0,4 point par rapport à l’année précédente, mais cette tendance est à relativiser dans la mesure où elle s’inscrit dans un contexte de recul du niveau de vie médian de 1 %, nuance l’organisme, qui constate en outre que « l’intensité de la pauvreté augmente ».
En clair, le niveau de vie réel des plus pauvres s’éloigne du seuil de pauvreté monétaire. C’est le cas en particulier pour les familles monoparentales, dont les revenus d’activité baissent alors que, parallèlement, « les prestations sociales sont peu revalorisées », indique l’INSEE.
A titre d’exemple, le revenu de solidarité active (RSA) « socle » était, en 2012, de 475 € pour une personne seule et l’allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) de 777 € (au 1er avril), « sachant que d’autres prestations complètent souvent le revenu disponible de ces allocataires », note cependant l’étude. Au final, « la moitié des personnes pauvres vivent avec moins de 784 € par mois, soit, en euros constants, un niveau qui n’avait pas été aussi bas depuis 2006 ». L’intensité de la pauvreté(2) augmente donc nettement, passant de 19,1 % en 2011 à 20,5 % en 2012, poursuit l’INSEE, en soulignant que « le taux de pauvreté au seuil de 50 %, qui cible une population plus pauvre que le taux au seuil de 60 % (seuil retenu le plus souvent au niveau européen) passe d’ailleurs de 7,9 % en 2011 à 8,1 % en 2012 ».
Autre constat, « la composition de la population la moins favorisée se modifie un peu : parmi les adultes pauvres, la part des chômeurs augmente, quand celle des retraités diminue », détaille l’INSEE. A noter cependant que « le taux de pauvreté des chômeurs diminue (37,2 % en 2012 après 38,9 % en 2011), car le profil des chômeurs s’est modifié : la dégradation du marché du travail s’est ressentie au-delà de la seule population des personnes en emploi précaire », précise l’organisme statistique. Aussi, « la part des chômeurs diplômés, relativement mieux indemnisés, s’accroît en 2012 », un phénomène déjà observé en 2009, « année au cours de laquelle le chômage avait également fortement augmenté ».
L’évolution du niveau de vie médian des retraités contraste avec celui des actifs : + 0,3 % en euros constants, contre - 1,3 %. « Cette amélioration relative s’explique par la revalorisation des pensions (+ 2,1 % au 1er avril 2012 pour le régime général comme un an auparavant, soit + 0,1 % en moyenne annuelle et en euros constants) et par un effet de noria, qui conduit à ce que les nouveaux retraités bénéficient de carrières salariales plus favorables que leurs aînés », analyse l’INSEE. La revalorisation de l’ASPA, par ailleurs, entamée à partir de 2007, s’est poursuivie (+ 4,7 % pour une personne seule et + 2,1 % pour un couple au 1er avril 2012, comme un an auparavant, soit respectivement + 2,7 % et + 0,1 % en moyenne annuelle et en euros constants). L’ensemble de ces éléments permet de comprendre que « le taux de pauvreté des retraités continue de baisser, à 8,4 % après 9,3 % en 2011 ».
L’INSEE relève, enfin, une réduction – certes qualifiée de « minime » – des inégalités, qui « traduit le fait que la baisse des niveaux de vie est à la fois plus prononcée dans le haut et le bas » de l’échelle sociale. De manière générale, enfin, « le niveau de vie médian de la population s’élève à 19 740 € annuels », les 10 % de personnes les plus modestes ayant un niveau de vie inférieur à 10 610 € par an, tandis que les 10 % les plus aisées disposent d’au moins 37 430 €, soit 3,5 fois plus.
A noter que l’INSEE vient également de mettre en ligne « des outils pour comprendre la mesure de la pauvreté »(3).
(1) « Les niveaux de vie en 2012 » – INSEE Première n° 1513 – Septembre 2014 – Disponible sur
(2) C’est-à-dire l’écart relatif entre le niveau de vie médian de la population pauvre et le seuil de pauvreté. Cet indicateur permet d’apprécier à quel point le niveau de vie de la population pauvre est éloigné du seuil de pauvreté.
(3) Il s’agit d’un numéro d’INSEE en bref clair et synthétique, intitulé « Pour comprendre… la mesure de la pauvreté », d’une vidéo explicative de 4’ 30” intitulée « La mesure de la pauvreté en questions » et d’un quiz qui permet de tester ses connaissances.