Micro et appareil photo en mains, Malika pousse la porte du squat des Augustins. Enfin, son chef lui fait confiance ! A 25 ans, la journaliste va réaliser ses premiers reportages en solo, en immersion, et sur un sujet qui lui tient à cœur : comment vivent les mal-logés qui occupent cet immeuble délabré ? C’est en tout cas ce qu’elle affirme. Car la véritable raison de son reportage est ailleurs. Lino, qui est en quelque sorte le chef des squatteurs, cet homme toujours prêt à tendre la main, est son père. Un homme qui a disparu de sa vie du jour au lendemain, lorsque Malika n’avait que 5 ans, et dont elle n’a plus jamais eu la moindre nouvelle. Une question la hante : la reconnaîtra-t-il ?
Pour son premier roman, intitulé Les Augustins, Mélisa Godet immerge cette jeune femme entre les murs du squat, où elle découvre une véritable famille, faite de bric et de broc : Gabor, sculpteur aigri et soupe au lait, mais pas insensible au charme de la journaliste ; Jacquotte, vieille dame délurée dont les pieds ne rentrent plus dans des chaussures ; Antoine, adolescent de 15 ans drogué et en fugue ; Adal, Malien sans papiers endetté jusqu’au cou auprès de son passeur, etc. « Un vrai remake crado de l’Auberge espagnole, cet endroit », résume Antoine. Cet ouvrage réaliste et bien documenté nous plonge au cœur d’une microsociété ni profondément militante, ni à la dérive, où chacun a tout simplement réussi à trouver sa place. Et où le lecteur se sent bien.
Les Augustins
Mélisa Godet – Ed. JC Lattès – 15 €