Les prisons ouvertes sont-elles « un pas vers la réinsertion », comme l’avance le documentaire d’Anne Hirsch et de Bernard Nicolas diffusé sur Arte ? Les journalistes ont enquêté dans quatre pays – Allemagne, Suisse, Finlande et France – sur les expériences des prisons sans barreaux, donnant la parole aux professionnels du monde carcéral et aux détenus, qui témoignent des avantages d’un tel accompagnement. Et les chiffres sont là : en Finlande, où ce système est le plus répandu (28 % des prisonniers sont dans des établissements semi-ouverts, et le gouvernement vise 40 % à moyen terme), seuls 25 % des détenus récidivent dans les trois ans, contre 40 % de ceux qui sont en prison fermée. Quant au taux de suicide, il est quasi nul. Sans les hauts murs, sans les miradors, avec moins de gardiens, les détenus se sentent mieux. Quant aux professionnels interviewés, qu’ils soient surveillants ou conseillers d’insertion et de probation, ils se disent satisfaits, moins tendus et se sentent beaucoup plus acteurs de la réinsertion dans ce type de structures. Robert Badinter, qui avait envisagé lorsqu’il était garde des Sceaux, il y a trente ans déjà, d’ouvrir ce genre d’établissement, estime qu’ils n’ont pas rencontré l’adhésion en France car, « au fond de l’inconscient collectif, il y a cette notion que les détenus doivent payer par la souffrance ». Or il est vrai que ceux qui sont interrogés dans le documentaire vivent plutôt sereinement ce passage, souvent en fin de peine, qui leur permet d’exercer un travail, parfois d’avoir la clé de leur chambre et même, dans certains cas, de prendre des jours de « congés » pour rendre visite à leur famille. Certains parlent d’une ambiance « auberge de jeunesse ». Le risque ? D’affirmer, comme Miko, en Finlande : « On s’occupe de nous presque trop bien, et c’est presque angoissant de penser qu’on va quitter cette baraque car on sait que la vie dehors sera beaucoup plus dure qu’ici. » Le documentaire rappelle que tous les prisonniers ne peuvent pas prétendre à entrer dans les prisons ouvertes, les critères sont stricts et les places sont chères. D’ailleurs, les tentatives d’évasion y sont rarissimes car elles signifieraient le retour dans une prison classique.
Prisons ouvertes : un pas vers la réinsertion ?
Anne Hirsch et Bernard Nicolas – 1 h 30 – Diffusé sur Arte, mardi 9 septembre à 22 h 25