Le gouvernement aurait-il oublié les ménages en difficulté dans son plan de relance pour la construction de logements ? C’est ce que dénoncent les associations de solidarité et de défense des mal-logés, au lendemain des mesures annoncées le 29 août par le Premier ministre (voir ce numéro, page 5).
Particulièrement en cause : la révision à la baisse de deux mesures de la loi ALUR destinées à faciliter l’accès au logement, déjà ressorties moins ambitieuses que prévu du Parlement. Le recentrage de la garantie universelle des loyers (GUL), ainsi que la réduction à Paris du périmètre de mise en œuvre de l’encadrement des loyers, sont perçus comme de graves reculs. Des décisions injustes, considère l’Uniopss (Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux), « pour des milliers de personnes qui souffrent du mal-logement, tout en constituant un retour sans passer par le Parlement sur une loi votée par lui ».
Tandis que le gouvernement annonce une GUL ciblant les jeunes salariés et les personnes en situation précaire, « seule une garantie véritablement universelle est à la hauteur du défi posé par la crise du logement », précise la FNARS (Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale). La réserver à ces publics, argumente-t-elle, « c’est à la fois isoler à nouveau les – personnes en difficulté dans un dispositif spécifique et méconnaître que nul n’est désormais à l’abri de difficultés d’accès ou de maintien dans le logement ». Quant à l’encadrement des loyers – promesse de campagne de François Hollande – , la Fondation Abbé-Pierre voit dans la restriction annoncée la préfiguration « de l’abandon du dispositif ». La FNARS demande que l’objectif de son extension « à toutes les zones tendues soit confirmé, son calendrier fixé et que, dès maintenant, les maires qui le souhaitent puissent le mettre en œuvre ». Ce à quoi semble ouvert le Premier ministre, toujours, comme à Paris, dans le cadre d’une expérimentation.
Les associations s’inquiètent par ailleurs d’un manque de compatibilité entre les incitations fiscales annoncées et une politique de justice sociale, voire, comme le demande la FNARS, une « politique sociale de l’habitat ». Dans leur collimateur : la modification du dispositif « Duflot » pour permettre aux investisseurs de louer un logement neuf à leurs ascendants et descendants. Ces
Une position également défendue par l’Uniopss, selon laquelle les aides publiques doivent, dans un contexte de rigueur budgétaire, « être ciblées pour le logement des personnes aux revenus les plus modestes ». Soulignant que les aides à la pierre diminuent depuis plusieurs années, elle rappelle les mesures réclamées en priorité par les associations pour résorber la crise du logement : doubler la production de logements sociaux à faible niveau de loyer de type PLAI (prêt locatif aidé d’intégration), revaloriser les aides au logement et augmenter l’offre au bénéfice des ménages modestes dans le parc privé conventionné. A ce titre, la Fédération des PACT et Habitat & développement regrettent « qu’aucune mesure favorisant les propriétaires bailleurs pratiquant des bas loyers, via le conventionnement ANAH, ne figure dans ce plan ».
Ce dernier « manque sa cible, car pour relancer la construction, il faudrait produire massivement des HLM », abonde la fédération Droit au logement, qui attend des mesures permettant « non pas de secourir les spéculateurs et les riches investisseurs inquiets d’une crise immobilière qu’ils ont provoquée, mais de lutter efficacement contre la crise du logement et la baisse de la construction ». Parmi elles, la mobilisation de « 100 000 logements et bureaux vacants ».
L’enjeu, résume pour sa part l’association Confédération, logement et cadre de vie, est de s’attaquer aux freins à la construction, comme le coût du foncier, mais aussi la baisse du pouvoir d’achat des ménages. Or « les détracteurs [de la loi ALUR] ont trouvé en elle une victime expiatoire toute désignée pour expliquer les mauvais chiffres de la construction », regrette-t-elle.
Plusieurs associations et syndicats ont, le 3 septembre, appelé à manifester devant l’Assemblée nationale pour réclamer une « vraie politique du logement ».