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Des séjours thérapeutiques pour parents toxicomanes

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Une association a permis à des parents souffrant d’addictions de partir en vacances avec leurs enfants sur l’île d’Yeu. Un projet expérimental de soutien à la fonction parentale.

Au menu des vacances : catamaran, pêche, baignade et promenades à vélo, le tout dans un décor à couper le souffle. Deux séjours thérapeutiques, organisés en 2013 et 2014 sur l’île d’Yeu (Vendée), ont offert un bol d’oxygène à une dizaine de parents toxicomanes et à leurs enfants suivis par l’association Estrelia, à Paris. Durant l’année, ces familles sont hébergées dans les appartements thérapeutiques du centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) Horizons. La majorité des parents – surtout des femmes seules – vivent avec leurs enfants, mais certains sont confiés à l’aide sociale à l’enfance. « Ce sont des personnes stabilisées, dans le sens où elles ne sont plus dans une dépendance aux opiacés ou au crack, explique Pamela Avril-Régnard, responsable du pôle « enfant » au centre Horizons. Mais elles peuvent encore souffrir d’addiction au cannabis, à l’alcool ou aux deux. »

En 2012, Estrelia s’est rapprochée de l’association CAVAL, organisatrice de séjours pour familles en difficulté sur l’île dYeu, pour répondre à un appel à projets de la Fondation de France sur le soutien aux parents toxicomanes. Les deux structures ont mis leurs compétences en commun pour organiser deux séjours de vacances accompagnées. Le premier, qui s’est déroulé sur cinq jours en sep­tembre 2013, a concerné cinq familles. Le second, qui a duré une semaine en mai 2014, a réuni six familles, dont quatre avaient déjà effectué le premier séjour. A chaque fois, une équipe du centre Horizons s’est déplacée sur l’île (médecin, infirmière, éducateur spécialisé, responsable du pôle enfant). Elle a travaillé main dans la main avec l’équipe de l’association CAVAL, représentée par un chef de service et une éducatrice spécialisée.

RETROUVER UN RYTHME DE VIE

Objectifs du séjour : travailler sur la vie quotidienne, la parentalité et les répercussions de la consommation de substances sur la vie familiale. Le tout dans un cadre contenant et rassurant. « Les parents étaient moins angoissés, plus disponibles à leurs enfants », constate Pamela Avril-Régnard. Tous ont pu expérimenter un autre rythme de vie : se lever et se coucher de bonne heure, prendre des repas assis à table avec les enfants, partager des activités avec eux, leur imposer une sieste quand c’était nécessaire, se passer de télévision… « On a vraiment été surpris par les capacités des parents à s’y adapter en peu de temps. » Entre le premier et le second séjour, le centre Horizons a pu mettre en place des ateliers pour mieux préparer ces vacances. Consacrés au bien-vivre ensemble, à l’affirmation de soi, à la parentalité et aux rythmes de vie, le tout en lien avec les addictions, ces ateliers ont été suivis avec assiduité par les familles, facilitant par la suite le bon déroulement du séjour.

Le bilan de ces deux séjours est largement positif. Car si certains parents ne sont pas parvenus à stopper ou à ralentir leur consommation de produits durant les vacances, tous ont pris conscience de son effet délétère sur la relation à l’enfant et sur l’ambiance du groupe. « Ce qui a été positif, c’est une demande très claire et très réfléchie de soins adaptés à leurs addictions à leur retour », note Pamela Avril-Régnard. Parties à plusieurs en même temps, ces familles ont également pu se confronter à d’autres postures éducatives (le parent permissif, le parent autoritaire…). « Cela a permis à chacun de travailler sur ses aptitudes et ses fragilités et de procéder à des réajustements », poursuit la responsable.

Autre apport du séjour, pour les professionnels cette fois, un travail en commun fructueux entre le centre Horizons et la CAVAL. « Notre collaboration a fait bouger les lignes dans chaque équipe, estime Marc Escanecrabe, chef de service à la CAVAL. Comme nous ne sommes pas une structure qui partage le quotidien des personnes accueillies, nous n’avions pas forcément les mêmes regards. » Pamela Avril-Régnard salue elle aussi une coopération « très riche. Nous avions des débriefings tous les soirs et nous nous sommes beaucoup apporté mutuellement ».

Convaincue par l’expérience, financée à hauteur de 20 000 € par la Fondation de France, l’association espère obtenir des fonds pour la pérenniser.

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