A la fin du premier tome de Békame (1), nous avions laissé Bilel, jeune Berbère arrivé clandestinement en France, et plus précisément dans le Nord-Pas-de-Calais, sur le point de passer de victime à mafieux, sous la mauvaise influence de son grand frère passeur, Ahmed. Il aura fallu plus de deux ans aux bédéistes Jeff Pourquié (dessin et couleur) et Aurélien Ducoudray (dialogues) pour terminer leur diptyque et narrer la fin de l’aventure du footballeur en herbe. Toujours fortement inspiré par son passé de photographe de presse et de ses rencontres avec de nombreux clandestins, Ducoudray raconte dans cette deuxième partie comment son petit protégé découvre l’envers du décor : la méthode du chantage au passeport, le procédé pour faire grimper les réfugiés à l’arrière des camions dans le dos des routiers… Pourquié, habitué à dessiner des polars, propose des variations de couleurs donnant une densité tragique aux situations, aux lieux désaffectés, aux paysages. Même si c’est malgré lui qu’il se livre à ces activités, Bilel embrasse cette nouvelle « carrière » avec efficacité, perdant toute morale afin de contenter son escroc de frère. Pourtant, à son arrivée à Sangatte, Bilel s’était fait remarquer par un entraîneur de football, Assane, qui l’avait pris sous son aile. Il avait été accueilli par sa famille qui, dans ce nouvel épisode, part à sa recherche. En attendant, Bilel met de la colle sur ses doigts pour éviter que la police, si elle l’attrape, puisse prendre ses empreintes digitales. Il apprend l’anglais et tente d’oublier l’arabe. Pour se faire plus vite de l’argent – et pouvoir, lui aussi, passer un jour en Angleterre –, il n’hésite pas à commettre de menus larcins… Heureusement, la famille d’Assane sera là pour protéger Bilel quand il rencontrera des problèmes. Et l’aidera à retrouver le droit chemin.
Békame (deuxième partie)
Jeff Pourquié et Aurélien Ducoudray – Ed. Futuropolis – 17 €
(1) Voir ASH n° 2751 du 16-03-12, p. 43.