Développer la co-éducation

Evolution des conceptions relatives à la famille et à l’enfant et montée en puissance des droits des usagers font partie des transformations des dernières décennies qui ont eu un fort impact sur l’action sociale et médico-sociale. A partir d’un tableau général de ces « mutations sociétales », Bertrand Dubreuil, sociologue et formateur, et Roland Janvier, directeur de la Fondation Massé-Trévidy (Finistère), s’intéressent au retentissement de ces changements sur le champ de la protection de l’enfance et sur celui de l’accompagnement des jeunes en situation de handicap. Dans l’un et l’autre cas, pour adapter organisation de travail et postures à la nouvelle donne, il s’agit de repenser l’articulation des places des professionnels et des parents. A cet égard, la notion de co-éducation est centrale. Cette dernière « constitue une complémentarité à construire au regard de la difficulté particulière rencontrée par le jeune », soulignent les auteurs. La « différenciation/association » des divers protagonistes passe par le développement du pouvoir d’agir de chacun, ce qui suppose de rompre avec les représentations qui les enferment réciproquement dans un rôle figé, souvent appréhendé sur un mode antagoniste et invalidant. L’institution éducative doit, elle aussi, dépasser l’image qui la réduit à sa seule fonction de protection. Celle-ci est évidemment essentielle pour aider les jeunes à grandir dans des conditions optimales, mais il ne faudrait pas « vitrifier » les pratiques sous l’effet du principe de précaution. « Le rôle émancipateur de l’institution doit être associé à son rôle protecteur », insistent les auteurs.