A l’heure où le gouvernement s’apprête à présenter son projet de loi sur la santé en conseil des ministres, le SAMU social de Paris apporte, comme l’ont également fait la Fédération hospitalière de France (FHF) et Médecins du monde (1), sa contribution au débat en faveur des plus démunis. Il vient d’adresser au ministère des Affaires sociales et de la Santé neuf propositions « pour une meilleure accessibilité au système de santé des personnes en situation de grande exclusion ».
Pour faciliter l’accès à la couverture maladie universelle et à l’aide médicale de l’Etat, le SAMU social recommande de simplifier les procédures, de réduire les délais d’instruction, mais aussi de permettre une ouverture des droits au sein même des hôpitaux, à l’aide de permanences de personnels de l’assurance maladie. Il considère, par ailleurs, que des « actions d’accès à la langue française, notamment sous forme d’ateliers “vie pratique” », pourraient permettre à la fois « de favoriser l’accès aux soins et à plus long terme d’entamer un indispensable travail d’intégration ».
Le SAMU social préconise aussi d’harmoniser les modes de fonctionnement des permanences d’accès aux soins de santé (PASS), de mieux communiquer sur leur rôle et de faciliter leurs relations avec les acteurs sociaux pour qu’elles demeurent « un lieu d’accueil visible et lisible facilitant l’accès au système de droit commun et offrant un accompagnement adapté à des personnes aux problématiques sociales multiples et souvent complexes ». Autre proposition : développer l’hospitalisation à domicile et les solutions alternatives à la prise en charge post-hospitalisation dans les lieux d’accueil et d’hébergement d’urgence. « Des équipes mobiles de professionnels soignants et médicaux pourraient également être développées en partenariat avec les PASS », suggère le SAMU social.
Il recommande en outre d’accroître le nombre de lits d’aide médicalisée (LAM) et de lits halte soins santé (LHSS), qui permettent aux personnes sans domicile de recevoir des soins ne nécessitant pas une hospitalisation. Avec un taux d’occupation de 100 % en LAM (25 places) et de 95 % en LHSS (170 places), le SAMU social de Paris « est contraint chaque semaine de refuser des admissions », sachant que, au-delà des soins, « ces lieux offrent des occasions pour initier ou conforter un travail de sortie de rue qui nécessite souvent du temps », argumente-t-il.
Améliorer le maillage entre l’hôpital et les LAM et LHSS, qui « ne doivent pas être considérés comme des lieux d’orientation par défaut de prise en charge hospitalière, ni servir de palliatifs à une prise en charge écourtée », pourrait en outre favoriser une politique de prévention de retour à la rue après l’hospitalisation. Ces dispositifs peuvent en effet constituer des lieux de transition entre l’hôpital et des solutions d’hébergement durables, notamment des appartements de coordination thérapeutique. « Il semble nécessaire pour cela d’intégrer une dimension soins dans les SIAO » (services intégrés d’accueil et d’orientation), souligne le SAMU social.
Le repérage des troubles psychiatriques, dont la prévalence chez les sans-abri reste très importante, pourrait par ailleurs être accru grâce à des « équipes mobiles sectorisées pouvant intervenir dans les lieux d’accueil, en complément de l’action de l’équipe mobile du réseau santé précarité qui intervient auprès des personnes dans la rue ». Une fois le diagnostic posé, elles pourraient entreprendre un travail de prise en charge thérapeutique et travailler en partenariat avec les intervenants sociaux des lieux d’accueil. Des progrès restent également à faire dans la prise en charge des addictions, en particulier à l’alcool. Une autre proposition du SAMU social de Paris porte sur une meilleure sensibilisation des équipes soignantes à l’accueil et à la prise en charge des personnes sans domicile, dans le cadre de leur cursus de formation. « Mieux suivre les parcours de soins de ces publics, en reliant ces données aux informations d’accompagnement social et au parcours d’hébergement, permettrait d’observer les modalités de prise en charge les plus adaptées », conclut le SAMU social de Paris.
(1) Voir ASH n° 2861 du 23-05-14, p. 13.