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Marceline Gabel, décédée le 6 août à l’âge de 86 ans, « a été au cœur de la politique de la protection de l’enfance des années 1980 à 2010 », résume Paul Durning, ancien directeur de l’Observatoire national de l’enfance en danger (ONED) et professeur émérite à l’université de Paris-Ouest Nanterre. Celle qui commença sa carrière en tant qu’assistante de service social au Maroc en créant, dès 1949, deux écoles de puériculture, ne cessera de s’impliquer sur la question de l’enfance maltraitée. Après deux années passées au Canada, elle intègre, à Paris cette fois, le département de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de l’association de santé mentale du XIIIe arrondissement, en 1960. Elle y passera près de 20 ans. Parallèlement, au sein de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), elle entame des recherches sur l’apprentissage des enfants de 6 ans et leur devenir. A l’aube des années 1980, elle devient secrétaire générale du département de psychopathologie de l’enfant et de la famille à l’université de Paris-Nord, où elle conduit des recherches sur les modes de prévention pour les jeunes enfants à risque, sur le rôle des pères dans la prévention de la maltraitance, sur les adolescents en voie de désadaptation et sur le dysfonctionnement des interactions précoces mère-bébé. C’est donc presque naturellement que le ministère des Affaires sociales l’appelle pour intégrer la direction générale de l’action sociale en 1986, où elle est chargée des questions relatives à l’enfance maltraitée au sein du bureau « Enfance et famille ».

Marceline Gabel contribue à la campagne de communication sur la prévention des mauvais traitements « En parler c’est déjà agir », se rend au Conseil de l’Europe pour être rapporteure pour la France sur la violence dans la famille en 1987 et coordonne un groupe de réflexion permanent sur les bonnes pratiques des assistants sociaux exerçant en psychiatrie. Pendant cette période surtout, elle prépare ce qui deviendra la loi du 10 juillet 1989 relative à la prévention des mauvais traitements à l’égard des mineurs et à la protection de l’enfance. « Ce n’était pas la femme d’un clan. Qu’ils soient ministres de droite comme de gauche, qu’ils soient acteurs du milieu associatif, de la recherche ou du secteur médico-social, elle a toujours voulu tisser des liens pour servir l’intérêt de l’enfant », témoigne Paul Durning. Même éloge au Groupement d’intérêt public Enfance en danger, qu’elle a contribué à créer. Marie-Paule Martin-Blachais, sa directrice générale, assure que « l’engagement et la ténacité de ce personnage incontournable ont grandement contribué à fédérer l’ensemble des acteurs publics et associatifs de toutes les disciplines au service de la cause de l’enfance maltraitée ». Les responsabilités publiques de Marceline Gabel ne l’ont pas empêchée de continuer à s’investir dans le secteur associatif, en tant qu’adhérente de l’Afirem (Association française d’information et de recherche sur l’enfance maltraitée) ou en tant que membre du jury de la fondation McDonald.

En 1993, elle devient chargée de mission au sein de l’Observatoire national de l’action sociale décentralisée (ODAS), qu’elle ne quittera qu’en 2003. Elle a, durant cette période, été secrétaire générale de la Grande Cause nationale 1997 « Protection de l’enfance maltraitée ».

Elle a défendu la mise en place d’un service national d’accueil téléphonique – aujourd’hui le « 119 – Allô Enfance en danger » – et a contribué à la naissance de l’ONED, créé par la loi du 2 janvier 2004 relative à l’accueil et à la protection de l’enfance.

Elle restera consultante pour cette instance de nombreuses années. Toutes ces avancées, elle les a accompagnées « avec compétence et discrétion », souligne Paul Durning.

Intéressée par les pratiques menées à l’étranger dans le cadre de la protection de l’enfance, Marceline Gabel a effectué de nombreuses missions en Europe et en Amérique du Nord. Elle est, enfin, l’auteure de nombreux ouvrages sur l’enfance maltraitée, publiés aux éditions Fleurus et PUF. « L’ouverture d’esprit, le souci de concertation et le dynamisme de cette grande professionnelle va désormais manquer dans le paysage de la rénovation des pratiques sociales », estime Jean-François Bauduret, directeur honoraire de la caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, qui a travaillé avec elle sur les questions liées à la psychiatrie. Une cérémonie d’hommage aura lieu le 13 septembre à 10 heures à l’église Saint-Lambert de Vaugirard, Paris XVe.

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