« La perception que les jeunes peuvent avoir de la façon dont s’exerce la solidarité en santé est un enjeu majeur pour l’avenir de notre système solidaire si l’on souhaite le pérenniser », estime la conférence nationale de santé (CNS) dans un avis adopté le 2 juillet (1). Elle y formule plusieurs recommandations qui doivent permettre « de renforcer la solidarité envers les jeunes et [de] favoriser l’exercice par les jeunes de solidarités à l’égard de leurs pairs ou d’autres membres de la société » plus démunis ou en situation de handicap.
Selon la CNS, la solidarité dans ce domaine doit se traduire par une politique de promotion de la santé et de la prévention adaptée aux jeunes. Elle appelle d’ailleurs à une « réorganisation en ce sens de notre système de santé » et souligne que le développement d’une véritable démarche de promotion de la santé nécessite plusieurs restructurations des politiques actuelles pour prendre en compte cette dimension. A cet égard, la CNS recommande, entre autres, d’assurer une présence « suffisante » d’acteurs de la prévention et de la promotion de la santé sur les territoires, de garantir un accès de tous aux droits et de faire de l’éducation à la santé par les pairs auprès des jeunes l’un des axes essentiels de l’effort de prévention.
Pour l’instance, la solidarité doit également se traduire par des dispositifs adaptés à la situation de tous les jeunes afin de « réduire les défaveurs » dont ils font l’objet, que ce soit en termes d’accès aux soins ou aux droits. La CNS propose ainsi, notamment, de favoriser l’accès à la santé (prévention, soins, accompagnement, droits) en développant une logique de compétence élargie des intervenants de santé de premier niveau pour faire en sorte que tout « premier intervenant », quelle que soit sa profession ou son institution, soit formé et autorisé à élargir son champ de compétence pour inclure un jeune dans le système de santé, en permettant par exemple d’initier une prise en charge. Cette recommandation implique la constitution de réseaux de référents santé qui soient « réellement opérationnels à l’échelon d’un territoire » et qui s’appuieraient, en particulier, sur des référents jeunes au sein des caisses primaires d’assurance maladie.
La CNS propose également de reconnaître un droit à la couverture maladie pour les jeunes qui soit identique aux autres classes d’âge et sans rupture en fonction des changements de statuts des bénéficiaires dans leurs parcours de vie (étudiants, stagiaires, travailleurs, sans activité…). En outre, elle souhaite simplifier les règles d’accès à une complémentaire santé, favoriser la lisibilité des contrats d’assurances complémentaires et généraliser les dispositifs de type « chèque santé jeunes ».
« Le droit à l’information est l’un des piliers de la démocratie sanitaire. Il est un des garants fondamentaux d’un égal accès à la santé. La méconnaissance de services existants, notamment publics ou associatifs, fragilise l’accès de tous à la santé », estime la CNS. C’est pour cette raison qu’elle recommande que le service public d’information soit adapté à tous les jeunes, y compris ceux en situation de handicap. Il devra inclure une cartographie de l’accès aux acteurs de la santé (en termes de droits, de soins, d’accompagnement comme de prévention), adaptée aux jeunes. En effet, estime la CNS, le manque d’information sur les dispositifs existants localement est pénalisant et peut conduire les jeunes à ne pas consulter ou à ne pas le faire de façon optimale en termes de délai et de structures de recours.
« Les jeunes ont exprimé leur attachement à notre système de santé solidaire », qui doit prendre « davantage en compte » leur parole et leurs attentes spécifiques, poursuit la CNS dans cet avis. La conférence nationale de santé souhaite entre autres éduquer à la solidarité en matière de santé, à l’apprentissage des différences liées aux diverses natures de handicap, quels que soient l’âge et le sexe, au respect de l’autre au sein de l’enseignement et amplifier l’information et la compréhension des différents aspects du handicap. Elle recommande enfin de favoriser l’expression directe du point de vue des jeunes dans les instances de démocratie sanitaire et de les impliquer dans l’élaboration des politiques publiques en santé.
(1) Rendre effective la solidarité en santé avec les jeunes – Avis disponible sur