Une autre vue de la rue

L’Association lyonnaise nouvelle d’écoute et d’accompagnement (Alynéa) suit des personnes en situation d’exclusion (centre d’hébergement et de réinsertion sociale, SAMU social, dispositif de prévention en santé mentale…). Afin de les mettre en valeur, six volontaires d’Alynéa en service civique ont eu l’idée d’un projet d’exposition photographique. Certains d’entre eux se destinent au métier d’éducateur spécialisé, et deux jeunes filles travaillent en parallèle de leurs études en tant que photographes indépendantes. Sachant combien la photographie peut aider à renforcer l’estime de soi, elles ont convaincu leurs camarades qu’immortaliser ces personnes précaires leur permettrait de s’exprimer – même si le rapport à l’image de ce public est particulièrement complexe. Au cours de leurs échanges, les jeunes se sont rendu compte de l’importance du sentiment d’appartenance des personnes précaires à la ville de Lyon. C’est ainsi que le projet est né : photographier les personnes dans un lieu qui leur est cher pour mettre en avant cet attachement plutôt que leur situation difficile.

« Notre regard s’est d’abord porté sur leurs passions, leurs habitudes ou leurs compétences », expliquent les six jeunes volontaires. Présentée à la mairie du III^e arrondissement de Lyon, l’exposition propose 20 portraits dans des paysages aussi variés que le parc de la Tête d’Or, la place Bellecour, les jardins de Fourvière, le métro, un café… Chaque photo est enrichie d’une phrase clé extraite des échanges avec les personnes et exprimant leur sentiment envers leur ville. Bien que certains des modèles portent sur leur visage les stigmates de la rue, à aucun moment la précarité n’est explicitée sur l’image. Au milieu des paysages, ces poses les montrent sereins, souriants, éloignés de leurs soucis du quotidien.