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« Un gamin comme moi… »

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Philippe Menaut a découvert l’éducation spécialisée en tant que résident, il y est retourné comme professionnel. Lui qui traverse ses six premières années de vie sans tourments se voit soudainement diagnostiquer un handicap visuel. Puis pronostiquer une cécité. Si rien en lui n’a changé, le diagnostic, lui, change tout : on ne perçoit plus l’homme qu’à travers sa déficience, on lui retire son autonomie passée. « Dans l’ignorance, je suis né valide. Dans la connaissance, je suis devenu handicapé. Par méconnaissance, on me confisque ma validité », résume-t-il dans ce livre-témoignage au style soigné.

L’école républicaine du début des années 1970 le pousse vers la sortie. Il passera dix ans dans un centre spécialisé pour enfants aveugles et amblyopes, où l’on traite ce malvoyant comme un aveugle, forcé à s’éloigner du tableau noir et à apprendre le braille. Inspiré par un éducateur spécialisé qui, à l’inverse des autres, ne verse pas dans la commisération, il se découvre une vocation. Et s’attire les moqueries de ses propres éducateurs, comme si « un gamin comme moi ne [pouvait] pas devenir comme eux ». Qu’importe, il devient éducateur spécialisé sans leur aval. Mis à la porte, enfant, de l’école ordinaire, il se concentre, adulte, sur cette notion d’intégration qu’a apportée la loi de 1975, fait le lien entre les enfants valides et les aveugles et se bat pour qu’on ne demande pas à ces derniers d’être « comme les autres », mais « avec les autres », « au même titre » qu’eux. Son vécu si particulier apporte un éclairage précieux sur le travail auprès d’enfants handicapés et l’importance d’accompagner la démarche d’intégration d’une véritable réflexion.

Sur le marché de l’emploi, le handicap de Philippe Menaut continue de décider pour lui. Pourtant professionnel du travail social, il se heurte à des employeurs et à des collègues incapables d’imaginer compétent un homme malvoyant. Dans chacun de ses postes, il l’assure, « les attaques sont quotidiennes ». Un comportement douloureux de la part d’une école qui ignorait tout du handicap, intolérable quand il vient de l’éducation spécialisée.

Cultive ton jardin, p’tit bigleux !

Philippe Menaut – Ed. L’Harmattan – 23 €

Culture

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