« Les jeunes se trouvent face à des logements trop chers par rapport à leurs moyens, inadaptés par rapport à leurs besoins, et difficilement accessibles en raison des garanties demandées par les bailleurs », résume l’Union nationale des comités locaux pour le logement autonome des jeunes (UNCLLAJ), qui reçoit dans ses CLLAJ des jeunes rencontrant des difficultés d’accès au logement (1). Une enquête nationale (2) menée auprès de plus de 400 personnes accompagnées, dont les résultats ont été rendus publics à l’occasion de sa conférence nationale pour le logement des jeunes, le 4 juillet, permet de dessiner leur profil et leurs attentes. 43 % d’entre elles vivent soit dans des foyers ou dans des centres d’hébergement et de réinsertion sociale, soit chez un tiers, voire en camping, à l’hôtel ou à la rue. Seuls 29 % ont un logement autonome (12 % dans le parc social) et 27 % vivent chez leur famille (davantage en milieu rural qu’urbain). Parmi les jeunes avec un ou des enfants à charge, 27 % vivent avec leurs parents – souvent pour des raisons financières, puisque la majorité d’entre eux vit avec des ressources inférieures au SMIC.
41 % des jeunes accueillis sont sans travail. « Ils alternent des périodes d’emploi, de chômage, de formation, ce qui accentue l’instabilité de leur situation et de leurs revenus. La période qui précède la stabilité professionnelle (27 ans en moyenne) est marquée par des parcours en dents de scie qui empêchent les jeunes de se projeter durablement dans le futur », analyse l’étude. 93 % des personnes interrogées estiment qu’il existe un lien entre accès à l’emploi et accès au logement. D’ailleurs, 23 % d’entre elles ont déjà refusé un emploi ou une formation par manque de logement de proximité, et 26 % ont subi un refus de logement car elles n’avaient pas d’emploi stable.
Parmi les jeunes qui fréquentent le CLLAJ, 13 % considèrent que leur logement est inadapté à l’utilisation qu’ils voudraient en faire (taille, emplacement) ou qu’il est trop cher (7 %) par rapport à leurs moyens financiers. Ils sont prêts à faire des compromis pour en trouver un nouveau : la grande majorité (66 %) se dit mobile géographiquement et 21 % consentiraient à prendre un logement plus petit que ce qu’ils prévoyaient.
La méconnaissance des dispositifs existants peut dissuader une partie des jeunes d’entreprendre un processus d’accès à un logement autonome, par peur de ne pas en avoir les moyens. Par exemple, 28 % des jeunes ne connaissaient pas l’existence des aides au logement avant de répondre au questionnaire. Sur le plan financier, les jeunes paraissent également peu avertis. Une grande partie n’évalue pas le poids budgétaire d’une installation dans un logement. De plus, ils sont 64 % à ne pas avoir d’économies disponibles pour financer cette installation.
L’UNCLLAJ termine son analyse par une série de propositions. Elle demande, prioritairement, la création d’un système de garantie « universelle, mutuelle, obligatoire », qui associe les jeunes eux-mêmes pour les responsabiliser, et qui accompagne les bailleurs. Regrettant que les aides au logement soient attribuées avec un décalage dans le temps et que leur montant varie selon la situation des allocataires, l’union souhaite que l’aide au logement soit attribuée dès le premier mois d’entrée dans les lieux et qu’elle soit calculée en fonction des ressources en cours au moment de la demande, et ce quel que soit le type de contrat de travail. Par ailleurs, elle propose de réserver une part des logements sociaux aux jeunes, de développer les solutions de colocation pour ceux en insertion professionnelle et de mettre en place un « bail accompagné » pour optimiser les conditions d’installation du jeune et sécuriser le propriétaire.
(1) Les CLLAJ ont trois principales missions : informer les jeunes sur les conditions d’accès au logement autonome, leur offrir des services liés à l’accès au logement et susciter des partenariats locaux pour répondre aux besoins. Certains d’entre eux gèrent des dispositifs de logement et d’hébergement et peuvent proposer de la sous-location, des places en résidence sociale et des logements conventionnés ALT (aide au logement temporaire).
(2) Disponible sur