Au XVIIe siècle sont apparues les premières aides techniques pour boire et saisir les couverts, réalisées sur commande par des orfèvres. A la fin du XVIIIe siècle, l’Anglais Richard Grindall, qui perdit un bras lors de la Révolution française, inventa le couteau-fourchette, aide à la découpe d’un plat. Durant la Première Guerre mondiale, pour venir en aide aux soldats mutilés, Arthur Everest Shipley conçoit une assiette creuse aux arêtes à angle droit leur permettant de pousser les aliments d’un côté ou de l’autre avec une seule main… L’ouvrage A la recherche d’un monde partagé. Accessibilité et design pour tous présente tous ces objets et la façon dont ils ont évolué vers les aides techniques modernes. Il montre que c’est souvent le design qui facilite l’accessibilité « en permettant aux moins valides d’abattre des obstacles ou du moins en les rendant moins insurmontables ». Mais l’ouvrage, très savant, pointe aussi que, depuis toujours, certains des objets d’aide excèdent leur destination pour contenter chacun. Un des exemples les plus parlants est l’invention par Lilian Gilbrecht, psychologue et ingénieure américaine, dans les années 1920, de l’ouverture à pédale des poubelles domestiques, présente aujourd’hui chez tous les ménages. Les auteurs, des designers et des créateurs, analysent donc l’influence de la perte d’autonomie dans les pratiques de design, qu’il soit d’objets, d’aménagements d’espaces, ou de graphisme. Ils évoquent, photos à l’appui, les aides techniques très récentes, et même celles du futur – comme le fauteuil roulant Firefly, dotée d’une cinquième roue motorisée permettant aux personnes handicapées de parcourir de longues distances en roulant à près de 18 km/h, ou le Toe Mouse, une « souris pour orteil » fonctionnant à l’aide de capteurs. Quant à la gamme de piluliers Sabi, conçue en 2012, elle peut être utilisée par des personnes âgées atteintes d’arthrite. Au-delà du recensement de solutions d’accessibilité, l’ouvrage, édité en collaboration avec la Cité du design de Saint-Etienne, cherche à montrer que des conceptions de l’accessibilité peuvent « s’opposer, se contrarier ou collaborer ». Ces apports théoriques et pratiques variés ont pour objectif de sensibiliser les professionnels des collectivités locales et des entreprises à l’accessibilité.
A la recherche d’un monde partagé. Accessibilité et design pour tous
Coordonné par Victoria Calligaro, Marie-Haude Caraës et Aurélie Eckenschwiller – Ed. Presses de l’EHESP – 27 €