Pour le gouvernement, les « états généraux du travail social » sont un élément essentiel du plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale, car il s’agit de rénover et de refonder l’intervention sociale, au bénéfice des personnes en situation de pauvreté. Notre objectif, avec Marisol Touraine, est donc d’écrire un véritable projet politique qui explicite les missions des travailleurs sociaux en fonction des nouveaux besoins des citoyens. Les formes de pauvreté évoluent avec la société : isolement social, travailleurs pauvres, fracture numérique, allongement de la vie ; le travail social évolue également. Quelle place réserver à la prévention lorsque l’urgence mobilise l’essentiel des forces ? Comment retrouver des modes d’intervention collectifs tout en garantissant l’accès à un accompagnement individuel ? Comment concilier accompagnement social global et interventions spécialisées ? Sur tout cela, les participants aux « états généraux » nous interrogent.
Depuis le début, près de 70 départements sont partie prenante de la démarche. En tant que chefs de file de l’action sociale et principaux employeurs des professions sociales, ils sont les acteurs incontournables des travaux sur les territoires, qu’ils ont d’ailleurs copilotés et animés avec les services de l’Etat et les conseils régionaux. C’est pour cela que je suis convaincue que nombre de conseils généraux continueront de s’engager dans les « états généraux du travail social ».
Ces « états généraux » n’ont de sens que s’ils donnent la parole, sans tabou ni censure, à tous ceux qui participent de l’intervention sociale : travailleurs sociaux, en premier lieu, mais aussi responsables de structures, formateurs, bénévoles et associations caritatives, partenaires sociaux, dirigeants politiques, responsables publics mais aussi les personnes accompagnées elles-mêmes.
Il fallait ce temps-là pour laisser place au débat afin que chacun puisse exprimer ses préoccupations et prendre du recul sur les pratiques. Mais le débat continue et je n’éluderai aucune question car je respecte infiniment tous ceux et celles qui ont su investir ce cadre de concertation. Les respecter, c’est aussi leur laisser le temps de s’approprier la démarche. Je ne voudrais pas non plus qu’on limite l’ambition de ces « états généraux » à des questions de statut et de diplôme. Les travailleurs sociaux ne s’y sont pas trompés : les réflexions qui remontent parlent de posture de l’accompagnant, de sens, de complémentarité des interventions et de travail en réseau, de proximité et de polyvalence, de place de l’usager… En somme, les questions qu’ils peuvent se poser au quotidien dans l’exercice de leur métier. Et je mesure ce que ce beau métier peut avoir d’exaltant et d’éprouvant.
D’abord, ce n’est pas fini : puisqu’il reste les assises interrégionales de Lille, auxquelles je vais me rendre le 8 juillet, mais aussi celles de Nancy, La Réunion et la Martinique ! Le bilan intermédiaire est prometteur. On constate déjà une très grande participation : plus de 4 000 personnes. Un comité de pilotage que je présiderai avant la pause estivale sera l’occasion de faire le bilan des premières contributions. Enfin, j’installerai des groupes de travail nationaux chargés d’élaborer des préconisations en vue des « états généraux » nationaux qui seront organisés à Paris au début 2015.