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Un abri dans l’exode

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Dans le cadre d’un programme lancé par le HCR visant à donner refuge aux Syriens en exil, cinq familles ont été accueillies dans deux bourgs du Périgord, où elles bénéficient d’un dispositif d’intégration spécifique mené par l’Association de soutien de la Dordogne.

Mercredi 21 mai, l’orage bat son plein en Dordogne. A 15 kilomètres du village de La Coquille, un arbre s’abat sur la route, bloquant toute circulation. Pourtant, les 25 passagers d’un bus en provenance de Paris sont pressés d’arriver, après un long voyage. Il s’agit d’un convoi particulier composé de 25 Syriens (13 adultes et 12 enfants), qui viennent trouver refuge en Périgord dans le cadre d’un programme impulsé par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Les membres de l’équipe municipale de La Coquille, qui attendent les cinq familles débarquées quelques heures plus tôt à l’aéroport francilien Charles-de-Gaulle, se portent à leur secours afin de les conduire à bon port. Epuisés, chargés de valises transportant toute leur vie, les réfugiés découvrent finalement leurs logements à la tombée de la nuit. De cette soirée mouvementée, Basem S. (1) se souvient avec émotion. « C’était la première fois de ma vie que j’arrivais dans un pays où l’on m’accueillait avec le sourire », raconte-t-il quinze jours plus tard, bien installé dans son nouveau chez-lui.

UN PASSAGE DOULOUREUX PAR L’ÉGYPTE

Il est vrai que ces femmes et ces hommes n’ont cessé de fuir depuis le début des révoltes contre le régime de Bachar el-Assad en mars 2011. Certains sont sans doute des opposants ayant participé à des manifestations, d’autres, de simples commerçants qui ont vu leur immeuble détruit par les bombardements – pour préserver leur sécurité et celle de leurs proches restés au pays, nous ne connaîtrons ni les détails de leur parcours ni leur véritable identité. Toujours est-il qu’au cours de l’année 2012 ils ont d’abord dû se réfugier en Egypte, les uns à Gizeh, les autres au Caire ou à Alexandrie, aux côtés de 130 000 autres Syriens. Bien acceptés au début par les Egyptiens, les réfugiés ont vu leur situation se dégrader à partir de la destitution du président Morsi en juillet 2013. Etiquetés « pro-Morsi », ils se sont retrouvés harcelés, voire menacés.

Dès lors, les Syriens ont été poussés à un nouvel exil. La « réinstallation » est l’une des solutions durables prévues dans la convention de Genève relative au statut de réfugié. Il s’agit de transférer des réfugiés des pays proches des zones de conflit vers des pays offrant un accueil et une meilleure qualité de vie. En octobre dernier, lors d’une rencontre avec le Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, François Hollande s’engage à accueillir 500 Syriens sur le sol français en 2014, tandis que l’Allemagne en accueillera 20 000, l’Espagne 150, la Belgique 75. La sélection des candidats, réalisée par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) et le HCR, se fait sur des critères de vulnérabilité et de liens existants avec la France.

Mais où accueillir ces populations ? En début d’année, le préfet Richard Didier, à qui a été confiée la coordination de l’opération, lance un appel d’offres via l’Association des maires de France. Plusieurs communautés de communes ayant des logements sociaux vacants se portent volontaires. En Dordogne, celle du Pays de Jumilhac désigne deux bourgs, Jumilhac-le-Grand (trois logements) et La Coquille (deux logements), distants d’une vingtaine de kilomètres. Avec un peu plus de 1 000 habitants chacun, ces villages situés à 50 kilomètres de Périgueux souffrent de désertification, au point qu’une classe de primaire a dû fermer en début d’année scolaire. L’arrivée de nouveaux habitants présente donc des avantages. Mais accueillir des réfugiés, dont la plupart ne maîtrisent pas la langue française, ne peut se faire sans la mise en place d’un dispositif d’intégration, financé par des fonds européens (2). Ceux-ci prennent en charge l’acheminement des familles jusqu’à la ville d’accueil, leurs formalités administratives au titre de l’asile et du séjour ainsi que leur installation par le biais d’une convention avec l’organisme de logement social Adoma. Les réfugiés bénéficient aussi des droits sociaux ainsi que du contrat d’accueil et d’intégration de l’Office français de l’immigration et de l’intégration, et d’un suivi social assuré par une association locale.

PRIS EN CHARGE PAR UNE ASSOCIATION LOCALE

En mars dernier, Richard Didier convie à une réunion Jean-Louis Reynal, directeur de l’Association de soutien de la Dordogne (ASD) – structure reconnue dans la région pour la prise en charge et l’accueil de sans-abri, ses activités d’insertion par l’activité économique ou encore son unité de lits halte soins santé (3). « On m’a simplement parlé d’un projet d’accueil de familles étrangères sans m’en dire plus. Il fallait sans doute faire preuve de discrétion car cela tombait pendant la période de réserve électorale », se souvient le directeur, qui se retrouve à une table aux côtés des maires de Jumilhac et de La Coquille, du président de la communauté de communes et des bailleurs sociaux. Le projet d’accompagnement présenté exige une prise en charge intensive de six mois, puis « allégée » les six mois suivants. « Cela me semblait très intéressant, mais j’étais inquiet par rapport aux délais car les familles devaient arriver deux mois plus tard ! »

Le directeur de l’ASD étudie de plus près le dossier avec la direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP) puis avec son conseil d’administration. Il accepte la mission, à condition que Muriel Besombes, l’éducatrice spécialisée qui assure la coordination de l’accueil de jour d’ASD, puisse en prendre les rênes. « J’ai pensé qu’elle serait la personne idéale pour prendre en charge ces familles, témoigne Jean-Louis Reynal. Elle a une grande expérience de l’humanitaire – elle a notamment travaillé dans des camps au Darfour –, des compétences en logistique et parle quelques mots d’arabe. » La travailleuse sociale est soulagée de ses fonctions pour préparer l’arrivée des familles dans les meilleures conditions. « Ce n’était pas simple de meubler les cinq maisonnettes en ayant aussi peu d’informations que le nom, l’âge et la profession des réfugiés. Je ne connaissais même pas la composition des familles ni leurs éventuels problèmes de santé », commente-­t-elle. En attendant les fonds européens, l’ASD acquiert elle-même de l’électroménager neuf, du mobilier et du linge, tandis qu’un appel aux dons lancé par les maires des deux villages permet de collecter de la vaisselle, des vêtements ou des jouets. C’est le chantier d’insertion d’ASD, spécialisé dans le second œuvre et le bâtiment, qui assure le déménagement et le montage des meubles. « Leur appui a été déterminant pour la réussite du projet, pointe Jean-Louis Reynal. Si nous avions dû passer par des entreprises privées, nous n’aurions pas tenu le délai ! » La coordination de l’ensemble des acteurs permet finalement d’atteindre les objectifs (le logement, mais aussi l’organisation de la scolarisation des enfants) en temps et en heure.

Ce matin, les deux nouvelles familles coquillardes – l’une de sept personnes (un couple, trois jeunes majeurs et deux adolescents) et l’autre de quatre (un couple et ses deux enfants en bas âge) – sont reçues à la mairie pour une réunion de présentation du projet, en présence de Didier Couteaud, directeur de la DDCSPP, de Michèle Faure, maire de La Coquille, ainsi que de Jean-Louis Reynal et Muriel Besombes pour l’ASD. Egalement présent, Taysir X., réfugié syrien qui vit en Périgord depuis plusieurs années, salarié par ASD pour assurer la traduction. De même, il accompagne Muriel Besombes lors de ses déplacements au domicile des deux familles qui ne parlent ni anglais ni français. « Cette réunion a pour but d’expliquer aux réfugiés le programme dans ses moindres détails, en quoi il diffère de l’accueil des réfugiés qui arrivent en France par leurs propres moyens, et, surtout, de s’assurer de leur libre consentement », explique Jean-Louis Reynal. L’occasion aussi pour les familles de faire part de leur ressenti, quinze jours après leur installation dans leur nouvelle vie. Si le couple A. et ses deux enfants semblent pleinement satisfaits – ils veulent juste savoir quand ils toucheront leur allocation et si leurs papiers ont pu être traduits en français –, la famille el-K. fait part de son mécontentement d’être éloignée d’une grande ville. « Il faut dire qu’il y a peut-être un écart entre ce qu’on leur avait promis avant leur départ du Caire et la réalité, analyse le directeur d’ASD. Mais ce type d’insatisfaction est assez classique sur des vagues d’arrivées de réfugiés. Les professionnels du département avaient rencontré des problèmes similaires en 1990 avec les Albanais qui espéraient aller vivre en Angleterre. »

Informer du projet la population

Si les Syriens débarqués de grandes villes d’Egypte ne s’adaptent pas tous au calme de la ruralité périgourdine, que pensent, pour leur part, les habitants de La Coquille de leurs nouveaux voisins ? « Il y a eu autant de voix pour que contre. C’est normal, dans un village, que des bruits courent », concède Michèle Faure, maire (sans étiquette) de La Coquille. « Au moyen du bulletin municipal, nous avons régulièrement tenu la population informée du projet d’accueil des réfugiés et publié un article à leur arrivée. Nous avons expliqué qu’il s’agissait d’une cause humanitaire et quels étaient les avantages qui pouvaient en découler. » Et surtout, madame le maire, qui n’était pas encore élue quand le projet a été validé, rappelle à ses administrés que la prise en charge des réfugiés ne coûte rien à la commune et que les logements sociaux ne sont pas attribués par la mairie. Si elle est très investie personnellement dans ce projet – elle a elle-même conduit les enfants à la maternelle pour leur premier jour de classe –, elle n’en fait pas une priorité de son mandat. Les voisins du lotissement où sont installées les deux familles semblent, quant à eux, ravis : « Ces logements étaient inoccupés, cela met de la vie dans le quartier », témoigne une voisine qui a déjà proposé une balade à vélo avec l’une des filles el-K. « On ne parle pas la même langue, mais on se comprend grâce au langage des signes », ajoute-t-elle.

Dans l’après-midi, Muriel Besombes se rend à Jumilhac pour remettre son allocation (équivalente à ce que perçoit une famille en centre d’accueil pour demandeurs d’asile) à chacune des trois familles installées dans de jolies maisons en bois sur pilotis. A chaque fois, elle est accueillie par un café « à la syrienne », amer et concentré, qui témoigne qu’elle est la bienvenue. « Toutes les familles m’ont bien acceptée. Je pense qu’être une femme a été plus simple pour rentrer dans leur intimité, avec ce qu’impliquent la religion, le port du voile… », précise l’éducatrice spécialisée. Les réfugiés ont pris possession des lieux, même si tous n’ont pas encore défait leurs valises. Une des chambres d’enfants est jonchée de jouets – « mais je filtre, je ne veux pas que tout le monde leur donne trop de choses gratuitement et qu’ils tombent dans l’assistanat », prévient la travailleuse sociale, qui souhaite au contraire que les Syriens « soient autonomes le plus rapidement possible ». Les nouveaux venus ont déjà commencé à s’occuper de leur jardin en plantant, ici et là, des fruits et des légumes. Mohamad al-H., père de deux enfants en bas âge, qui était charcutier au pays, sait déjà prononcer en français les mots « tomate », « radis » et « pomme de terre ». Ce même monsieur est allé jouer au foot avec les jeunes du village. Une bonne façon de s’intégrer.

L’éducatrice spécialisée rend visite aux réfugiés presque tous les jours : « Il y a des démarches médicales à effectuer, il faut que je les amène à la caisse d’allocations familiales, à la caisse primaire d’assurance maladie… Toutes ces institutions sont implantées à Périgueux, à près d’une heure de trajet. La mobilité est le point faible du dispositif, admet-elle. Les familles souffrent du manque d’indépendance pour se déplacer, et je ne peux pas servir de taxi en permanence. Quant à moi, je passe beaucoup trop de temps en voiture. Les deux bourgs ont bien mis dans les mairies des bureaux à ma disposition, mais je suis tellement débordée que je n’ai pas eu le temps de m’y poser. » Il est vrai que depuis l’arrivée des réfugiés, c’est la course contre la montre. Muriel Besombes résume en quelques phrases un accompagnement qu’elle qualifie d’« hyperprivilégié » : « Lundi, je me suis occupée de l’assurance scolaire, mardi des dossiers RSA et des inscriptions à Pôle emploi, mercredi, j’ai tenté de leur ouvrir des comptes en banque, mais cela n’a pas été possible sans carte de séjour définitive… Aujourd’hui, je leur verse leur allocation en liquide et je récupère tous leurs diplômes pour les faire traduire officiellement. Il faut dire que les familles sont impatientes que les choses avancent. » Elle profite de sa visite à domicile pour donner aux parents le programme de la semaine à venir : un rendez-vous à Pôle emploi – l’éducatrice a prévu d’emprunter un minibus pour y conduire l’ensemble des adultes – et une demi-journée consacrée aux évaluations scolaires des trois jeunes adultes au centre d’information et d’orientation. Avant de partir de chez la famille al-H., elle demande au père de famille de parapher un reçu pour l’allocation versée. « Je leur fais signer des tas de papiers en français alors qu’ils ne comprennent pas ce qui est écrit ! Mais un des réfugiés m’a dit : “J’ai tout perdu, alors je signe. De toute façon, je n’ai rien à perdre de plus.” »

Aujourd’hui encore, Muriel Besombes ne connaît rien du parcours des réfugiés et ne compte pas leur demander de le lui raconter tant qu’ils n’en expriment pas le besoin. « C’est l’association qui, d’ordinaire, recueille les parcours de vie. Mais dans ce cas précis, l’OFPRA s’en est chargé en amont. Tout ce que l’on sait, c’est que certains vont obtenir une carte de résident en qualité de réfugié politique et que d’autres bénéficieront de la protection subsidiaire avec une carte d’une durée de validité de un an. Si la situation s’améliore en Syrie, ceux-là pourraient donc retourner au pays. Peu importe le cas de figure, je propose le même accompagnement à chacun. » L’éducatrice sait néanmoins que ces fa­milles ont toutes traversé des événements très durs. Pour l’instant, personne n’a fait de demande de suivi psychologique, « mais cela ne veut pas dire que les traumatismes ne vont pas resurgir avec le temps », concède la jeune femme, qui a expliqué aux réfugiés qu’elle avait travaillé dans des pays en guerre et qu’elle était à leur écoute s’ils en ressentaient le besoin.

SCOLARISER LES ENFANTS

Muriel Besombes se rend ensuite dans la maisonnette voisine, chez la famille S., où elle trouve un des petits, qui n’est pas allé à l’école. « Il a de la fièvre », lâche sa mère. « Les parents syriens sont très protecteurs, très à l’écoute de la santé de leurs enfants, décrypte l’éducatrice spécialisée. Mais c’est peut-être dur aussi pour eux de se séparer de leurs enfants huit heures par jour alors que cela fait des mois qu’ils vivent en vase clos » (pour ceux qui étaient en camp). Elle se souvient du premier jour d’école des plus jeunes, le surlendemain de leur arrivée en France. « Cela s’est plutôt bien passé, même s’ils ont pleuré et qu’ils ont refusé de manger à la cantine. Mais je leur avais acheté des cartables neufs et, le soir, ils ne voulaient plus les quitter. Un petit garçon était content de me montrer qu’il savait compter jusqu’à dix. » Sur les 13 enfants susceptibles d’être scolarisés, seuls ceux de maternelle et primaire ont pu commencer les cours ; pour les collégiens et les lycéens, il faudra attendre la rentrée. Reste aussi à trouver comment les occuper cet été dans des communes qui ne proposent des activités en centres de loisirs que jusqu’à 11 ans, tandis que les parents devraient commencer leurs cours de français langue étrangère.

Autre point sur lequel Muriel Besombes aimerait travailler : l’alimentation. Pour faciliter les premiers repas, elle avait rempli les réfrigérateurs des familles avant leur arrivée, en demandant l’aide du traducteur. Elle sait néanmoins qu’elles ne pourront pas trouver tous les aliments dont elles ont l’habitude à la supérette du coin. « Les produits orientaux, ils les trouveront plutôt à ­Bordeaux, mais je ne peux pas les y conduire ! J’aimerais aussi pouvoir faire les courses avec les mamans pour leur donner des conseils. »

Si d’autres familles syriennes ont été accueillies ces derniers mois dans d’autres communes françaises, notamment au Havre en janvier et dans l’Aisne en mai, ASD n’a pas eu le temps de prendre contact avec les associations qui travaillent sur le terrain. « Six mois, cela passe très vite. On est déjà en juin et je travaille sur le projet depuis le mois d’avril pour la préparation de leur arrivée, cela nous laisse donc jusqu’en octobre pour que les réfugiés se débrouillent seuls, paient eux-mêmes leur loyer et leurs factures (4). Puis je ne viendrai les voir qu’une fois par semaine pendant les six mois suivants », souligne Muriel Besombes. A eux ensuite, quand ils maîtriseront le français, d’entreprendre seuls les démarches pour trouver un emploi ou une formation. « Je ne pense pas que ce sera un problème. Il ne s’agit pas là des publics précaires dont je m’occupe habituellement, mais de personnes débrouillardes, qui étaient insérées dans leur pays, certains sont médecins, psychologues ou électriciens. » D’ailleurs, tous affichent une forte volonté de trouver rapidement un travail et de s’intégrer dans la communauté. Quand on demande à Zanouba?B., mère de quatre enfants, ce dont elle rêve, maintenant qu’elle est « enfin en sécurité », elle répond aussitôt : « Je voudrais reprendre mes études universitaires, un travail pour mon mari et, pour mes enfants, c’est l’éducation, l’éducation, l’éducation ! »

Notes

(1) L’anonymat de tous les réfugiés a été respecté.

(2) Voir ASH n° 2852 du 21-03-14, p. 39.

(3) Association de soutien de la Dordogne : 61, rue Lagrange-Chancel – 24000 Périgueux – Tél. 05 53 06 82 10 – asso-soutien@orange.fr.

(4) L’ASD est locataire des logements attribués par le bailleur social, le temps de faire glisser le bail au nom des familles lors­qu’elles auront accès à des revenus réguliers, notamment aux prestations sociales.

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