Après trente-sept ans de carrière dans le travail social, Edith Lapert a décidé de faire le bilan. Elle qui s’est retrouvée dans le milieu un peu par hasard – elle a dû trouver le moyen de nourrir ses quatre enfants après la mort de son mari – ne le quittera plus. En internat religieux pour jeunes filles en difficulté, au palais de justice, en prévention… l’éducatrice revient, en sept histoires, sur les sept expériences qui ont le plus marqué sa vie professionnelle. Si elle reconnaît à la formation un rôle important de boussole, de « socle de référence », elle l’assure : « C’est sur le terrain qu’on apprend son métier. » Et de comparer le travail social à un métier à tisser : « La formation sera la trame, structure, sans laquelle les fils ne font que s’emmêler […]. Les fils viennent du terrain. » Son œil neuf lui permettra justement de « tirer des fils » délaissés par ses collègues. Comme auprès d’adolescentes en difficulté, que les religieuses ne voient que comme des délinquantes qu’il faut punir, alors qu’Edith Lapert cherche à les aider. Ou avec des mères célibataires, que le personnel de la maison maternelle n’hésite pas à culpabiliser d’être tombées enceintes si jeunes, quand l’éducatrice tient à leur apprendre à concilier vie de mère et vie de femme. Avec beaucoup d’humilité et sans se poser en donneuse de leçons, Edith Lapert livre nombre d’anecdotes sur ces personnes qu’elle a accompagnées durant près de quatre décennies et qu’elle a, dit-elle, su faire grandir, tout en pointant les limites des structures qui l’ont employée. Favorable au milieu ouvert, elle estime que « les murs risquent d’étouffer » et pointe l’importance du travail en réseau, organisé autour du bénéficiaire. Pour le reste, elle ne brandit pas de recette miracle : « La clinique, la pratique, le quotidien sont les savoir-faire de l’éducateur, au cas par cas, un pour un. »
Une éducatrice raconte. Cent fois sur le métier…
Edith Lapert – Coll. « Le travail du social », Ed. L’Harmattan – 18 €