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« Partir des ressources des jeunes » pour modifier les pratiques d’insertion

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Deux ans après sa création (1), l’Institut Bertrand-Schwartz organisait ses premières rencontres le 26 juin, à Paris, sur la participation des jeunes dans les politiques d’insertion. Retour sur ses premiers travaux avec sa directrice, Claire Fabre.
L’Institut s’est-il aujourd’hui forgé une place dans le débat public ?

Sa manière de faire avancer la réflexion et les émanations de la recherche-action collective « Agir pour et avec les jeunes sur un territoire » (2) lui valent désormais l’écoute de certains ministères. Preuve de la reconnaissance de sa légitimité, l’institut fait partie du conseil scientifique de l’évaluation de la « garantie jeunes ». Outre le renforcement de son partenariat avec l’INJEP (Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire), l’institut a vocation à s’ouvrir progressivement, à travers son conseil scientifique notamment, au monde de l’entreprise, dans une approche interdisciplinaire.

Où en est la recherche-action ?

En 2012, nous avons entamé une nouvelle phase de la démarche engagée en 2007 par le Synami CFDT, avec Bertrand Schwartz (3) et Gérard Sarazin. A partir du travail qui a d’abord consisté à aller à la rencontre des professionnels qui ont exprimé leur volonté de modifier les pratiques des missions locales, nous avons reposé les bases en fonction des principes d’action de Bertrand Schwartz : nous avons formulé l’hypothèse que, pour contribuer à ces changements, il fallait partir des ressources des jeunes, créer les conditions pour qu’ils puissent porter des projets collectifs, et que donner la possibilité aux jeunes d’agir permettait de changer le regard de la société sur les jeunes et inversement. Les collectifs, soutenus par les conseillers, ont pris des formes différentes dans les huit missions locales impliquées (4). Certains projets ont consisté en l’animation de débats par les jeunes, la production d’émissions de radio, la rédaction d’un « livre blanc »… Nous sommes en train de formaliser les premiers enseignements, avec la volonté d’essaimer.

Quels sont ces résultats ?

Ces projets – qui permettent aux jeunes de sortir de l’isolement, de reprendre confiance en eux, de donner du sens au collectif, mais aussi d’acquérir des compétences concrètes – ont des effets directs sur leur autonomie, leur accès à la formation et à l’emploi. Ils ont aussi des conséquences sur le fonctionnement des missions locales : les jeunes ne viennent plus seulement pour rencontrer leur conseiller, mais pour agir et faire des propositions. Certaines missions locales ont fait évoluer leur mode de gouvernance : à Juvisy, la mission locale leur a donné la possibilité de prendre la main sur l’organisation de l’assemblée générale. La rencontre nationale des collectifs, à la fin 2012 à l’occasion des 30 ans des missions locales, les a amenés à rédiger un appel, « Arrêtez de nous mettre dans vos cases » (5), qui nous invite à les soutenir dans leur interpellation sur les cloisonnements des dispositifs, les logiques de l’orientation, les clichés sur la représentation de la jeunesse. Cet appel a donné lieu à la réalisation d’un film et à une rencontre organisée par les jeunes à Aubagne, en décembre dernier.

Une recherche a été lancée sur les emplois d’avenir…

C’était pour nous un prétexte pour étudier, à partir d’un questionnaire et d’une enquête qualitative, comment les jeunes vivent les dispositifs qui les concernent, quelle place leur est réservée dans la mise en œuvre et comment les acteurs adaptent ces dispositifs à la réalité des territoires. Des débats ont lieu dans les six territoires concernés par l’enquête pour confronter les points de vue, sur la question de la formation par exemple. Une restitution nationale est prévue à l’automne.

Quels sont vos autres projets ?

Nous avons amorcé, avec le conseil général de Meurthe-et-Moselle, un travail sur la pensée de Bertrand Schwartz, visant à valoriser les archives sur son travail, à en faire un outil pédagogique accessible à tous les acteurs.

N’est-ce pas difficile de mobiliser les missions locales dans un contexte tendu ?

La situation est paradoxale : elles vivent une période de reconnaissance nouvelle, et sont soumises en même temps à davantage de contraintes. Les professionnels sont plongés dans un quotidien difficile, mais la démarche contribue à redonner du sens à leur action.

Notes

(1) Voir ASH n° 2733 du 18-11-11, p. 25.

(2) Voir ASH n° 2662 du 4-06-10, p. 23.

(3) Inspirateur des missions locales et ancien délégué interministériel à l’insertion professionnelle et sociale des jeunes en difficulté.

(4) Blois, Dijon, Juvisy (Essonne), Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), Reims, Vichy (Allier), Maubeuge (Nord) et Poitiers.

(5) Voir sur www.institutbertrandschwartz.org.

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