« Comment est votre état de santé ? », a demandé la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) aux bénéficiaires de minima sociaux dans une enquête menée à la fin 2012, portant notamment sur le renoncement aux soins (1). Moins de 60 % des allocataires du revenu de solidarité active (RSA) ont répondu « bon » ou « très bon ». Dans l’ensemble de la population, ce pourcentage s’élève à 77 %. La part des bénéficiaires du RSA se déclarant en « mauvaise » ou « très mauvaise santé » est, quant à elle, trois à quatre fois supérieure à celle de la population générale. De même, 28 % déclarent être limités depuis au moins six mois dans les activités du quotidien (contre 17 % parmi l’ensemble de la population). En revanche, note l’étude, les bénéficiaires du RSA ne se distinguent pas de la moyenne de la population concernant la déclaration de maladies chroniques.
A caractéristiques identiques, une femme allocataire a plus de risques qu’un homme de déclarer un état de santé altéré. Le niveau d’études est un autre déterminant significatif de l’état de santé perçu : comparés aux enquêtés titulaires d’un certificat d’études primaires, les bénéficiaires ayant le baccalauréat ou un diplôme de l’enseignement supérieur ont une probabilité plus faible de déclarer un mauvais état de santé. Le fait d’être propriétaire de son logement diminue aussi cette probabilité de se percevoir en mauvaise santé. A l’inverse, une consommation excessive de tabac l’augmente significativement.
L’enquête montre aussi que l’état de santé diffère selon le type de RSA perçu. Les allocataires du RSA « activité » seul, mieux insérés sur le marché du travail, sont en meilleure santé que les allocataires du RSA « socle ».
Concernant la santé psychique, moins d’un tiers des bénéficiaires du RSA « activité » seul présentent des symptômes de détresse psychologique, contre près de 40 % pour les allocataires du RSA « socle ».
Près de 67 % des allocataires du RSA bénéficient de la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C). D’autres bénéficient d’une autre complémentaire santé (25 %) et quelques-uns déclarent être couverts à 100 % par la sécurité sociale (souvent au titre d’une affection de longue durée). Enfin, 8 % déclarent n’avoir aucune couverture complémentaire. Autre enseignement : les allocataires du RSA disent plus souvent renoncer pour des raisons financières à consulter un médecin ou à recevoir des soins dentaires : 18 % contre 4 % pour l’ensemble de la population.
Constat moins attendu, plus d’un allocataire sur quatre du RSA « activité » déclare avoir renoncé à aller voir un médecin au cours des douze derniers mois, contre un allocataire du RSA « socle » sur six. Ces écarts peuvent s’expliquer en partie par la moindre couverture des allocataires du RSA « activité » par la CMU-C, relève la DREES. Toutefois, la santé n’est pas le domaine le plus souvent cité par les allocataires parmi ceux qui peuvent faire l’objet de privations ou de renoncements. Plus d’un bénéficiaire du RSA sur deux déclare se priver « beaucoup », par manque d’argent, sur le poste des vacances et de l’habillement. En revanche, les postes des études, des assurances et de la santé semblent moins faire l’objet de fortes privations : seulement respectivement 4 %, 11 % et 11 % des enquêtés ont coché « oui, beaucoup » devant ces domaines.
(1) « Etat de santé et renoncement aux soins des bénéficiaires du RSA » – Etudes et résultats n° 882 – Juin 2014 – Disponible sur