La volonté affichée du gouvernement d’en finir avec la gestion saisonnière du dispositif d’hébergement, leitmotiv réaffirmé dans une instruction ministérielle de novembre dernier (1), doit se traduire en actes. C’est ce qu’a signifié Louis Gallois, le président de la FNARS (Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale), à la ministre du Logement, invitée à l’assemblée générale de l’association le 19 juin. Avant que Sylvia Pinel ne réaffirme cette « priorité » devant les professionnels (voir ce numéro, page 10), la fédération a adopté une résolution visant à faire pression sur les services de l’Etat, mais qui invite aussi à une « responsabilité collective » pour mettre fin aux mises à l’abri précaires et aux « fermetures sèches » de places hivernales. Cette année encore, ces dernières se sont soldées par des centaines de remises à la rue.
Le texte appelle les adhérents de la FNARS à exiger que l’ouverture de places d’hébergement temporaires permette des conditions d’accueil de qualité, la mise en œuvre d’un accueil inconditionnel et continu jusqu’à la proposition d’une solution pérenne, ainsi que l’offre d’un accompagnement social. Dans le cas contraire, il les encourage à « s’opposer aux propositions de l’Etat de mises à l’abri temporaires » et à rechercher d’autres solutions. Dans sa résolution, la FNARS demande également au gouvernement une loi de programmation de logements très sociaux (mobilisant les parcs social et privé) et de places d’hébergement pérennes dans les territoires les plus tendus. Une revendication partagée également par les autres membres du Collectif des associations unies pour une nouvelle politique publique du logement, prêt à se mobiliser de nouveau, et que le ministère s’est engagé à rencontrer au début juillet pour la présentation d’une « feuille de route ». « Pour mettre fin à la gestion saisonnière de l’exclusion, nous avons besoin que le ministère mobilise les préfets et que l’administration puisse contrôler la recherche de solutions dans les territoires. Cela ne fonctionnera que si les bailleurs sont partie prenante et les services de l’asile associés », commente Florent Guéguen, directeur général de la FNARS.
Les quelques annonces de la ministre devant les adhérents de la FNARS n’ont pas convaincu. En matière de prévention des expulsions locatives, la parution, prévue pour 2015, des décrets de la loi ALUR sur le renforcement du rôle des Ccapex, sera trop tardive « alors que 120 000 ménages sont menacés tous les ans. Lancer une énième mission ne suffit pas ! », s’impatiente le directeur général de la FNARS. « Autre déception », relève-t-il après l’intervention de Sylvia Pinel, « l’absence de mention sur les aides personnelles au logement », après que la commission des finances de l’Assemblée nationale a, le 18 juin, adopté un amendement au projet de loi de finances rectificative qui supprime leur gel en 2014 (2). « On aurait aimé une position du gouvernement sur le sujet ! », ajoute Florent Guéguen.
Plus globalement, « nos publics risquent d’être les principales victimes de la réduction des dépenses publiques », a averti Louis Gallois, président de la FNARS, en clôture de l’assemblée générale de l’association. Pour contrer cette tendance, « il faut être en mesure d’expliquer aux pouvoirs publics combien cela rapporte d’empêcher quelqu’un de tomber dans l’exclusion », a-t-il plaidé, invitant le réseau « à travailler en 2015 » sur cette question, en lien, notamment, avec des économistes.
Dans le droit fil des « journées du travail social » qu’elle a organisées en novembre dernier, la FNARS a par ailleurs approuvé une motion qui ouvre son conseil d’administration à un collège de deux travailleurs sociaux et/ou intervenants sociaux et à un troisième membre du collège « personnes accompagnées ». Ces derniers seront nommés en septembre jusqu’à l’assemblée générale de 2015. Une évolution qui, selon Florent Guéguen, « vise une représentation pluraliste de ce que sont les associations d’action sociale ». Et renforce la légitimité de leurs revendications.
(1) Voir ASH n° 2835 du 29-11-13, p. 36.
(2) L’xamen du texte à l’Assemblée nationale a commencé le 23 juin et doit se poursuivre jusqu’au 1er juillet.