Lors de sa réunion du 5 juin, l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES) a arrêté son programme de travail 2014-2017. S’agissant de celui qui couvrait la période 2011-2013, il a « globalement été mis en œuvre », a indiqué l’instance aux ASH. Seuls trois champs thématiques sont en effet « restés sans suite » : la relation entre inégalités de santé et pauvreté ainsi que la pauvreté des enfants n’ont pu être explorés « faute de temps » ; quant à la production d’indicateurs d’alerte à destination des pouvoirs publics, « malgré plusieurs travaux engagés », « il n’a pas été possible de dégager des pistes satisfaisantes ».
Chacun des grands thèmes qui seront abordés d’ici à 2017 fait « écho soit à des préoccupations exprimées à diverses reprises par le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale [CNLE], soit à une volonté d’approfondissement de travaux antérieurs apparue au cours des réflexions de l’ONPES ». L’observatoire poursuivra, par exemple, ses travaux sur la mesure qualitative de la pauvreté car la connaissance qualitative de la situation des personnes pauvres ou exclues « reste limitée ». En la matière, estime-t-il, « l’achèvement des travaux déjà engagés en vue de l’évaluation de “budgets de référence permettant une participation à la vie sociale” constitue sans nul doute un sujet prioritaire » (1). Et « permettra de rejoindre, d’une certaine façon, les recherches déjà conduites par le CNLE pour élaborer une vision commune de la notion de “reste à vivre” ». L’ONPES entend en outre améliorer sa connaissance sur les publics invisibles. Une étude approfondie sur au moins trois groupes prioritaires cumulant des causes d’invisibilité devrait paraître d’ici à 2017 (2). Signalons également que, en 2015, l’ONPES lancera une étude pour chiffrer l’effort financier de la Nation en faveur de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion.
Ses membres souhaitent par ailleurs « approfondir la connaissance des trajectoires et des parcours ». Selon eux, « l’expérience de l’utilisation du tableau de bord des indicateurs annuels de l’ONPES bute sur le caractère statique de la plupart d’entre eux. Ainsi, les problématiques de flux d’entrée et de sortie de la pauvreté, les questions d’irréversibilité n’ont-elles pu être abordées que très partiellement. » Ses membres entendent donc « rentrer dans une nouvelle étape de dynamisation du tableau de bord et le compléter par différents enrichissements, y compris une déclinaison propre à la situation des enfants et des jeunes de moins de 18 ans ». D’ailleurs, l’ONPES propose de « construire un tableau de bord centré sur la pauvreté des enfants diffusé annuellement dans [sa] Lettre [trimestrielle] ».
Autre axe de travail : « poursuivre plus avant la compréhension du mal-logement ». Dans ce cadre, l’ONPES va se concentrer sur la validation méthodologique, puis sur la mise en œuvre d’un travail d’évaluation du mal-logement au travers des coûts induits en termes de santé et de chômage notamment. « En fonction de la disponibilité des données », l’observatoire engagera aussi une étude qualitative sur le processus d’expulsion locative. Il entend par ailleurs mettre à jour son enquête 2012 sur les conditions de logement des ménages à bas revenus (notamment des jeunes) pour tenir compte du « contexte de renchérissement des loyers ». Et exploiter son enquête sur l’effort financier des ménages à bas revenus pour s’intéresser plus particulièrement à l’évolution de celui des ménages pauvres (taux d’effort et impact des aides sur ce taux). Un rapport thématique, prévu pour la fin 2016, devrait réunir l’essentiel des résultats des études menées sur le thème du logement.
(1) L’observatoire entend proposer l’organisation d’un « colloque de présentation et de discussion des méthodes et des résultats ».
(2) Les premiers résultats de cette étude devraient être diffusés, à la fin 2015, dans le rapport annuel de l’ONPES.