Les transformations du secteur social et médico-social, depuis le début des années 2000, se sont notamment traduites par la multiplication des postes de chefs de service. Ils seraient aujourd’hui environ 28 000, contre 15 000 en 2001. A partir d’une enquête auprès de 232 professionnels réalisée il y a deux ans, les sociologues Maxime Delaloy et Michel Foudriat décrivent les trajectoires et les pratiques de ces cadres intermédiaires. Au-delà de l’extrême hétérogénéité de leurs conditions d’exercice, les chefs de service partagent un même questionnement sur leur positionnement (1). Leur fonction, telle qu’elle se dégage de l’analyse de fiches de poste et d’offres d’emploi, montre une opposition entre deux conceptions, expliquent les auteurs : soit le chef de service est considéré comme un relais du directeur, soit – de façon minoritaire – comme un acteur à part entière de l’équipe de direction. Mais en termes de positionnement vécu, c’est-à-dire de ressenti des intéressés, les répondants se répartissent grosso modo entre une bonne moitié disant faire partie de l’équipe de direction, et 40 % affirmant faire autant partie de l’équipe de direction que de l’équipe des professionnels. Ce sentiment de double appartenance rassemble près des trois quarts des cadres qui ont moins de quatre ans d’expérience dans un poste de chef de service. Tout semble se passer comme s’ils n’avaient pas encore rompu avec le groupe des professionnels. « La période d’accès au poste de chef de service est pour tous une période de transition et d’apprentissage de nouveaux rôles et d’un autre positionnement », commentent les auteurs.
Les chefs de service en action sociale. Discours normatifs, constructions individuelles et contextuelles
Maxime Delaloy et Michel Foudriat – Ed. L’Harmattan – 24 €
(1) Voir notre « Décryptage » sur cette fonction dans les ASH n° 2776 du 28-09-12, p. 28.