« Astéréotypie » fut d’abord un projet éducatif et artistique impliquant de jeunes autistes accueillis dans un institut médico-éducatif de la région parisienne. Progressivement, c’est devenu un groupe de musique qui a enregistré un album – en janvier 2013 – et se produit sur scène en dehors du milieu du handicap. Stephan Durand, le directeur de l’IME de Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine), à l’origine du projet, présente d’ailleurs Astéréotypie non pas comme un groupe d’autistes mais comme un groupe « tout court », formé de cinq jeunes (17 à 20 ans) qui chantent « du folk, voire du rock indépendant ». « Il y a deux ans, l’idée de monter un groupe a germé pour un projet de fin d’année, avec des résidents qui voulaient faire du slam accompagnés d’éducateurs spécialisés musiciens. Dès leurs débuts, nous avons été surpris par la qualité de leurs textes – qu’ils écrivent seuls, les travailleurs sociaux ne les aidant que pour la construction de la chanson –, fascinés par la poésie qui s’en dégageaient. Nous avons donc recherché des financements pour enregistrer 11 titres en studio. Ensuite, les jeunes sont allés au culot pour contacter Moriarty, une formation qu’ils appréciaient, qui a eu un coup de cœur pour eux et les accompagne en tournée ! »
L’objectif de ce projet reste l’expression de ces adolescents, sans censure et sans retenue. D’ailleurs, les textes des membres du collectif Astéorotypie évoquent leur univers, leur « folie », leurs craintes, sur un ton franchement décalé. Le cachet parle de la difficulté d’un des jeunes autistes à vivre avec un traitement neuroleptique. Il y a aussi L’école de Paris, dans laquelle les chanteurs parlent de leur peur de l’école ordinaire. Ils clament : « Nous les autistes, on fait n’importe quoi. » Puis regrettent : « On me gronde parce que je n’arrive pas à faire d’efforts, on me gronde parce que je ne suis pas fort. » Dans le texte intitulé Astéréotypie, ils évoquent également leur handicap : Yohann, qui se balance en permanence, ou Kévin, qui tape tout le temps dans ses mains. « Si tu n’es pas autiste, tu ne comprends pas », résument-ils, tout en faisant valoir qu’« être autiste, ce n’est pas être handicapé ». D’autres textes abordent des sujets bien différents, comme les transports en commun ou encore l’art. Mes mots parle simplement du bonheur de slamer. Le jeudi 19 juin à 21 heures, Astéréotypie ouvrira aux côtés des musiciens de Moriarty le festival du Futur composé « Autisme et Culture », à l’Hôtel de Ville de Paris.
Collectif Astéréotypie
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