A Lille, le relais enfants-parents retisse les liens familiaux

Maintenir le lien entre les enfants et leurs parents incarcérés et faire en sorte que la séparation physique ne devienne pas une séparation psychique, préserver le bon développement de l’enfant et soutenir le parent incarcéré dans son rôle parental, tels sont les objectifs de l’association Relais enfants-parents (REP), créée en 2000 dans la région Nord-Pas-de-Calais (1). « La prison ne délite pas toujours les liens parents-enfants », prévient Mélanie Buisine, directrice du REP, évoquant un père originaire de Marseille incarcéré à Sequedin (Nord) et très investi auprès de son bébé qu’il n’a pourtant encore jamais vu. « Il a sa femme régulièrement au téléphone et son enfant est déjà très présent dans sa vie. Il se projette déjà avec lui au moment de sa sortie. »

L’association organise plusieurs types d’actions dans une dizaine d’établissements pénitentiaires : accompagnement des enfants et visites médiatisées au parloir, ateliers pour les parents détenus, fêtes en prison (Noël, fête des Mères, des Pères, carnaval…), aménagements de parloirs (décoration, jouets…) et entretiens individuels de soutien à la parentalité.

Les accompagnements au parloir, organisés une fois par mois, sont assurés par l’un des quatre salariés (2) ou des 30 bénévoles, selon la complexité des situations. Il s’agit d’assurer une présence la plus discrète possible, sauf lorsqu’un parent tient des propos violents ou intimidants. En 2013, l’association a accompagné 80 enfants, dont la moitié était ­placée en institution ou en famille d’accueil (46 avaient moins de 10 ans). Ces visites médiatisées peuvent parfois éviter au conjoint d’accompagner l’enfant. « A Douai, on a beaucoup de personnes incarcérées pour violences conjugales, souligne la directrice. Le fait que ce soit notre association qui accompagne l’enfant au parloir permet à ces femmes de reprendre leur vie en main et de ne plus être sous l’emprise de leur conjoint violent. Et les enfants voient leur père dans un contexte différent. Ce n’est plus l’homme alcoolisé ou hurlant qui fait peur à la maison. »

L’association peut parfois intervenir pour préserver le bien-être de l’enfant. « Pour certains enfants, une fois par mois, c’est trop, alors on espace, indique la directrice. En ce moment, on suit deux ado­lescents dont le papa a encore 15 ans d’incarcération devant lui. On essaie de les aider à s’en détacher pour qu’ils construisent leur propre vie. »

Tous les 15 jours, des ateliers sont également organisés au sein de la prison à destination des parents détenus (hommes et femmes). Objectif : leur permettre de confectionner des cadeaux pour leurs enfants, surtout quand ils n’ont pas les moyens d’en offrir. C’est aussi un temps de dialogue autour des inquiétudes des personnes détenues sur leur place de parent et des questions plus classiques sur la scolarité ou l’éducation. A cela s’ajoutent des échanges sur le fait de révéler ou non la détention aux enfants et les conséquences d’un non-dit en la matière.

Des ateliers maman-bébé ont aussi été mis en place à la nursery du centre pénitentiaire de Sequedin. Chaque semaine, bénévoles et salariés interviennent en binôme auprès des mères détenues. Ces dernières peuvent fabriquer des cadeaux, faire des photos d’elles avec leur enfant. Les échanges portent également sur la difficulté de rester mère malgré la séparation (quand les aînés sont à l’extérieur) ou sur la dureté de la vie en détention avec un bébé en permanence sous le regard des surveillantes.