Faut-il imputer aux parents la responsabilité des comportements négatifs de leurs enfants, comme l’absentéisme scolaire, les incivilités ou la délinquance ? Certains sont tentés de répondre à cette question par l’affirmative. Dominique Attias, avocate au barreau de Paris, spécialiste de la justice des mineurs, et Lucette Khaïat, directrice scientifique de l’association Louis-Chatin pour la défense des droits de l’enfant, coordonnatrices de cet ouvrage collectif, dénoncent ce point de vue. Certes, « il est bien plus facile de stigmatiser les traits de personnalité engendrés par un environnement hostile et insécure que de s’attaquer aux carences de cet environnement », estime aussi le sociologue Gérard Neyrand. Cependant, il est possible de mettre en œuvre des mesures de soutien à la parentalité, qui donnent aux parents la force de résister à leurs conditions de vie défavorables, à condition de ne pas concevoir ces actions comme un outil de contrôle parental – éventuellement assorti de sanctions. « La délégitimation éducative, même relative, est centrale dans l’explication des transgressions juvéniles », commente Marwan Mohammed, chercheur en sociologie. Pour analyser les difficultés éducatives des parents, il est indispensable de comprendre, au préalable, le processus par lequel leur autorité et leur influence se perdent. A cet égard, le rôle des modèles dominants en matière de vie familiale est loin d’être neutre. En désavouant des « postures parentales surannées », les institutions entravent considérablement les capacités de transmission des parents, tout en déstabilisant leurs enfants, souligne Marwan Mohammed.
Enfants rebelles, parents coupables ?
Sous la direction de Dominique Attias et Lucette Khaïat – Ed. érès – 13 €