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Cinq ans après le RSA, « nous avons les mêmes résultats qu’avec le RMI »

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A l’occasion des cinq ans de la réforme du RSA (revenu de solidarité active), et tandis que le gouvernement tarde à réformer le dispositif, le service Prism (Projet d’insertion sur mesure), l’une des deux structures de l’association Aurore spécialisées dans l’accompagnement des allocataires, dresse son propre bilan. Entretien avec son directeur, Jean-Marc Escurier.
Le titre de votre bilan, « Faut-il fêter l’anniversaire du RSA ? », donne le ton…

La création du RSA « activité » partait d’une bonne intention, redonner un nouvel élan à l’insertion, au « I » de RMI qui ne fonctionnait pas. Rendre l’inscription à Pôle emploi obligatoire était une idée intéressante, alors qu’auparavant, les allocataires pouvaient être coupés de cette institution. Mais la réforme est arrivée en pleine crise, les agents de Pôle emploi se sont trouvés débordés, pas armés face à des publics désocialisés. Et pour ceux qui bénéficient d’un accompagnement social, le RSA « activité » est tellement complexe qu’il freine le retour à l’emploi.

Les gouvernements successifs se sont pris les pieds dans le tapis avec le RMI, puis le RSA. Entre deux conceptions, celle d’un revenu minimum garanti ou d’un tremplin vers l’insertion, c’est toujours la première qui prévaut ! Pour autant, la pression au retour à l’emploi est plus prégnante. Certains allocataires savent qu’il leur faudra quatre ans avant de retravailler, mais arrivent en disant « il faut que je trouve un emploi ». Pendant que l’on cherche l’impossible à court terme, on ne s’occupe pas du possible.

Comment votre structure cherche-t-elle à pallier ces travers ?

Le service accompagne des allocataires du RSA « socle » orientés par la direction de l’action sociale, de l’enfance et de la santé (DASES) de Paris, très désocialisés – sans domicile fixe, sortant de prison, en situation d’addiction, présentant des troubles psychiques – et qui ne peuvent être suivis par Pôle emploi du fait de leurs lourdes difficultés. La personne a deux référents, un travailleur social et une psychologue clinicienne, qui travaillent en équipe, en lien avec une conseillère en insertion professionnelle. Sur les quelque 900 personnes suivies par an, une centaine touche le RSA « activité ». Nous continuons à accompagner ces personnes pendant quatre mois, pour éviter de casser la dynamique engagée. Sur les 230 qui sont sorties de la « file active » l’an dernier, 20 % ont accédé à un emploi. Mais les contrats sont souvent de courte durée, en contrat aidé notamment, et il est fréquent de voir les mêmes personnes réorientées vers nos services. Au final, nous avons les mêmes résultats qu’avec le RMI.

Les causes du non-recours sont connues, mais vous relevez aussi que la complexité du dispositif provoque des abandons…

Les personnes qui oublient d’effectuer leur déclaration trimestrielle de ressources ne touchent plus que la moitié du RSA et perdent le bénéfice de leurs droits connexes. Cela engendre forcément des problèmes financiers à résoudre en priorité, qui empêchent de travailler sur un projet, de se concentrer sur l’accompagnement. Lorsqu’ils reprennent une activité, il est très difficile pour les allocataires de prévoir ce qu’ils percevront le mois suivant. Pour deux situations identiques, le montant sera différent selon la date à laquelle l’emploi a été repris et les ressources déclarées. Même la caisse nationale des allocations familiales n’arrive pas à nous aider à y voir clair ! La nécessité de renouveler constamment des démarches complexes, l’impossibilité d’anticiper ses ressources et les changements de statuts, qui entraînent des changements de référents, donc des ruptures de parcours, sont facteurs de découragement. Au final, le dispositif entraîne une situation d’inconfort qui n’incite pas à y avoir recours. Et prouve les limites de l’incitation financière.

Que faut-il modifier

Il faudrait que le système soit plus transparent et que les droits connexes soient maintenus plus longtemps en cas de reprise d’activité, ou réduits progressivement. Le montant du RSA « socle » devrait être augmenté de façon importante: lorsque l’on touche 439 € par mois, le moindre pépin devient anxiogène et obère toute projection dans l’avenir. Le secteur de l’insertion par l’activité économique devrait être développé, et l’accès aux structures médico-sociales favorisé. L’expérience montre que personne n’est inemployable, mais à condition de disposer d’un accompagnement et d’un dispositif d’aide adaptés.

Côté terrain

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