La sexualité des résidents des institutions sociales et médicosociales – personnes handicapées, personnes âgées, adultes vivant en centres d’hébergement et de réinsertion sociale, adolescents en maisons d’enfants à caractère social – n’est plus un sujet tabou : on en parle dans des colloques, on l’aborde dans les équipes. Pour autant, en dehors de quelques initiatives développées par des professionnels motivés, surtout dans le champ du handicap, cette dimension incontournable de la personne humaine « est davantage un objet de débat que le fait d’un accompagnement », constate Jean-Luc Letellier, formateur, fondateur du Centre de recherche et d’études pour le droit et l’accès à la vie sexuelle. Sans doute est-ce parce que, sur le plan sexuel, « nous sommes tous, plus ou moins, des personnes en situation de handicap », car enfermées dans des représentations étroites « qui ne peuvent que traverser nos pratiques professionnelles ». C’est précisément pourquoi la formation est la clé des évolutions que l’auteur appelle de ses vœux. Pour lever les freins à la reconnaissance de la personne accompagnée dans sa totalité – sa dignité, son intimité, ses désirs légitimes –, « le seul moyen est de prendre conscience, individuellement et collectivement, de tout ce qui a bridé notre rapport à la sexualité », souligne-t-il. A cet égard, il s’agit autant de transformation, personnelle et professionnelle, que de formation, explique Jean-Luc Letellier, heureux de voir la jeune génération de travailleurs sociaux en attente de réflexion et de moyens lui permettant de vraiment prendre en compte les capacités à aimer et l’épanouissement sexuel des usagers.
Leur sexualité n’est pas un handicap
Jean-Luc Letellier – Ed. érès – 21 €