Protéger sans materner

« Mais que fait donc la tutelle ? » Voilà une phrase que tout mandataire judiciaire à la protection de majeurs (MJPM) n’entend que trop souvent, fait observer Elisabeth Luisin-Pagnod, directrice de l’Unafor (structure de formation de l’Unaf), qui a copiloté cet ouvrage collectif. Répondre à cette question n’est pas forcément simple. En effet, la marge de liberté du majeur, d’une part, et l’activité des professionnels de la pratique tutélaire, d’autre part, ont des contours qui ne sont pas évidents à appréhender. Précisément, le grand intérêt de ce livre auquel ont participé une vingtaine de contributeurs – mandataires judiciaires ou formateurs – est de mettre en valeur et de creuser différentes facettes du métier de MJPM. Au cœur de celui-ci, il y a le nouage d’une relation particulièrement complexe entre un majeur dont la vulnérabilité convie à des positions maternantes, et un professionnel à qui la loi demande de favoriser l’autonomie de la personne accompagnée. Comment protéger sans être trop interventionniste ? De fait, le MJPM peut être confronté à « des choix de vie qu’il ne comprend pas nécessairement ou qui lui sont étrangers et lui paraissent dangereux à l’aune de ses propres valeurs », explique Corinne Cheminet, juriste et formatrice. Face à une situation problématique, la meilleure des garanties contre les risques d’arbitraire est de ne pas rester seul, conseille-t-elle. Mais il faut aussi « cesser de vouloir que les décisions des majeurs protégés n’aient que des résultats heureux ». Comme tout un chacun, ces adultes ont aussi le droit à l’erreur.