Genèse et essor des banlieues

Comment est-on passé des cités ouvrières du XIX^e siècle aux banlieues industrielles du XX^e siècle, puis aux zones urbaines sensibles d’aujourd’hui ? Une exposition itinérante, Histoire du peuplement des quartiers populaires, retrace en 12 panneaux richement illustrés les grandes étapes de cette transformation. Le Comité national de liaison des régies de quartier (CNLRQ), à l’origine de ce travail, a ainsi voulu proposer un “voyage au sein de notre mémoire urbaine”. Celui-ci débute au XVIII^e siècle, alors que la France ne comptait que 28 millions d’habitants, vivant majoritairement à la campagne. Avec ses 650 000 habitants, Paris était perçu comme une ville « monstrueuse » ! Au siècle suivant, la révolution industrielle bouleverse le paysage urbain. Les graphiques montrent clairement que le développement des moyens de transport et la construction des premières grandes usines provoquent une accélération de l’exode rural : pour répondre à la forte demande de logements des ouvriers, de nouveaux quartiers naissent dans les faubourgs des grandes villes. Avec la deuxième révolution industrielle, dans les régions du Nord et de la Lorraine, où se développe l’industrie lourde, mais aussi en périphérie de Paris et de Lyon, où fleurit l’industrie automobile, les patrons optent pour des « villes-usines » en construisant des cantines et des cités ouvrières qui accueillent surtout des travailleurs immigrés. C’est à ce moment-là que naît la banlieue au sens actuel du terme. Un panneau aborde spécifiquement la période des Trente Glorieuses, durant laquelle le taux d’urbanisation passe de 50 % à 75 %. A l’exode rural s’ajoute l’arrivée de nouveaux immigrants qui, faute de logements, s’installent dans des bidonvilles. Arrive 1945, quand le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme engage un programme de logements HLM (habitations à loyer modéré). De là naîtront les grands ensembles, qui deviendront, au fil du temps, des « quartiers sensibles ». Informative et précise, l’exposition regarde aussi vers le futur, en mettant l’accent sur les réhabilitations et rénovations programmées.