L’Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (ANESM) a publié, le 9 mai, des recommandations de bonnes pratiques professionnelles sur la prise en compte de la souffrance psychique de la personne âgée (1), « une réalité souvent banalisée », selon son directeur, Didier Charlanne, car « les expressions possibles de cette souffrance (ralentissement psychomoteur, repli sur soi, somatisation, etc.) sont facilement mises sur le compte seul de l’âge ». Sans oublier que « les personnes âgées constituent une population à risque face au geste suicidaire » et que, selon les analyses épidémiologiques, près de 90 % des suicides des personnes âgées sont en lien avec un trouble psychiatrique, et particulièrement un état dépressif. « Face à ces constats, les orientations des plans de santé publique successifs ont visé à contribuer à la promotion de la bonne santé physique et psychique des personnes âgées, ainsi qu’à l’amélioration de leur environnement de vie par le développement d’actions de prévention », poursuit Didier Charlanne.
C’est donc dans ce contexte que s’inscrivent les recommandations de l’agence, qui ont pour objectif de donner aux professionnels de l’accompagnement des personnes âgées des éléments de réflexion sur les pratiques et sur les actions concernant le repérage et la prévention des risques de souffrance psychique, la connaissance des facteurs de risque, le partage d’informations relatives à la souffrance psychique repérée, la « mise en place d’un accompagnement interdisciplinaire, coordonné et adapté » et, enfin, « l’amélioration du repérage et de la gestion des situations de crise, et plus particulièrement de crise suicidaire avec risque de passage à l’acte ». L’ANESM signale par ailleurs que « la souffrance psychique peut concerner autant la personne accompagnée que l’ensemble des aidants non professionnels », l’aidant principal étant « particulièrement vulnérable » face à ce risque. Raison pour laquelle la souffrance psychique dont il est question dans ses recommandations a trait aussi bien à la personne âgée qu’aux aidants eux-mêmes âgés (conjoint, enfants vieillissants, etc.).
Ces recommandations sont organisées en quatre chapitres thématiques :
→ la prévention continue de la souffrance psychique (comment « favoriser l’instauration d’un climat de confiance dès les premières rencontres », rappeler à la personne l’importance de sa participation à son projet personnalisé, impliquer le (s) aidant (s), identifier les possibles facteurs de risque de souffrance psychique) ;
→ le repérage précoce des signes de souffrance psychique ;
→ la prise en charge interdisciplinaire de la souffrance psychique (identifier les professionnels ressources en santé mentale, mobiliser la personne dans la prise en charge de sa souffrance psychique, renforcer la coordination et la complémentarité des actions mises en œuvre dans le parcours de soins de la personne…) ;
→ la gestion des situations de crise suicidaire.
Un cinquième et dernier chapitre permet, quant à lui, aux professionnels de s’approprier ces recommandations à travers des cas pratiques : quatre situations différentes sont ainsi présentées, à domicile comme en établissement, « afin de proposer un éclairage aux professionnels dans leurs réflexions pour l’amélioration de la prise en charge de la souffrance psychique des personnes âgées ».
(1) « Prise en compte de la souffrance psychique de la personne âgée : prévention, repérage, accompagnement » – En ligne sur