Les enfants souffrent aussi

Les femmes ont obtenu de haute lutte la reconnaissance de l’importance des violences conjugales. Mais elles ne sont pas les seules concernées. Parce que leurs enfants sont très directement atteints par ce qui se vit dans le couple, de plus en plus de voix s’élèvent pour qu’eux aussi se voient conférer le statut de victimes et bénéficient, comme telles, d’un accompagnement adapté. C’est le point de vue défendu par Catherine Vasselier-Novelli et Charles Heim, psychologues, Michel Delage, psychiatre, et Patrick Danel, pédiatre. Confrontés à cette problématique dans leur pratique, les auteurs plaident pour des mesures systématiques d’évaluation au titre de la protection de l’enfance dans toute situation de violence conjugale, et la mise en œuvre d’une intervention globale. C’est-à-dire d’une intervention dans laquelle une attention spécifique est accordée à chacun des protagonistes de la scène familiale, y compris les enfants. Détaillant les avantages et inconvénients que présentent, pour ces derniers, les différentes solutions de sécurisation envisageables (hébergement mère-enfant, placement, mesure d’aide éducative), les auteurs soulignent, dans tous les cas, l’importance de l’écoute à leur apporter – et ce, le plus rapidement possible. Sachant que les enfants savent donner le change, « c’est-à-dire masquer la réalité de leur souffrance », il faut savoir comprendre cette souffrance derrière certains symptômes somatiques, certains troubles du comportement ou des attitudes provocatrices. Et aider les intéressés à dire leurs émotions et les représentations qu’ils se font de la situation, insistent les spécialistes.