« Vous possédez un logement sain et confortable […]. Il va falloir le perdre. » Dès le début du Petit guide pratique du parfait SDF, l’illustrateur Diway donne le ton : il s’agit de mettre toutes les chances de son côté pour réussir, petit à petit, à se marginaliser. Le sans-abrisme est présenté comme un « métier d’avenir », le camping sauvage comme une « forme moderne du bidonville involontairement sponsorisé par Décathlon », le fait d’habiter un taudis comme une chance de faire des « économies de chauffage ». Mais sous ses airs cyniques et grinçants, ce précis se veut surtout instructif et militant. Agrémenté de chiffres on ne peut plus sérieux, en provenance de l’INSEE, du ministère du Logement ou de la Fondation Abbé-Pierre, il alerte sur le mal-logement et sa croissance exponentielle, en ne manquant pas de pointer du doigt le « système libéral déshumanisé » et les « grands groupes [qui spéculent] sur des logements vacants ». L’auteur en profite pour aborder les difficultés à quitter un logement social – quand on ne parle habituellement que des obstacles pour y accéder –, les risques que le mal-logement ou la vie à la rue font peser sur la santé (saturnisme, asthme, infections…) ou encore le budget fou que l’Etat dédie chaque année à l’hébergement en hôtel. Cet ouvrage offre un éclairage, certes lapidaire, sur le fonctionnement des centres d’hébergement, les distributions alimentaires, les aides à la recherche d’emploi, et a le mérite de mettre en lumière certaines aberrations. Pas de quoi satisfaire pour autant pleinement son auteur, qui conclut : « J’aurais pu y aller plus fort, mais trop souvent les mots sont restés coincés dans ma gorge, étranglés peut-être par autant de misère et de souffrance. »
Un métier d’avenir : petit guide pratique du parfait SDF
Diway – Ed. Les points sur les i (