Le public des établissements et services d’aide par le travail (ESAT) serait-il en train de changer ? Dans un courrier adressé le 24 avril à Sabine Fourcade, directrice générale de la cohésion sociale (DGCS), Andicat (Association nationale des directeurs et cadres d’établissements et services d’aide par le travail) s’inquiète de l’orientation en ESAT de personnes faiblement handicapées. Selon l’association, en Basse-Normandie, 10 % des personnes orientées dans ces structures relèvent d’un taux d’invalidité de moins de 50 %. « En principe, les usagers des ESAT présentent un taux d’incapacité d’environ 80 % », indique Gérard Zribi, président d’Andicat, qui déplore assister au remplacement de personnes handicapées par des populations socialement précaires. Selon lui, les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) « sont un peu démunies face à certaines situations de précarité pour lesquelles elles n’ont pas de solution », ce qui les conduirait à opter pour une orientation en ESAT. Pour confirmer cette tendance, l’association vient de solliciter ses délégations régionales ainsi que les autres réseaux associatifs.
Andicat juge que ce phénomène dénature l’identité des établissements et services d’aide par le travail en les assimilant à des lieux de réadaptation, alors que ces structures répondent à des caractéristiques précises fixées par la loi : permettre à des personnes handicapées mentales ou psychiques de travailler selon leurs capacités en étant accompagnées. Au final, elle voit dans cette diversification des publics une perte de reconnaissance des missions des ESAT. Préoccupation à laquelle s’ajoute le projet, formé il y a plus de un an, de transfert des ESAT aux départements, qui avait suscité des inquiétudes sur la volonté de l’Etat de se « débarrasser » du travail protégé (1).
(1) Voir ASH n° 2800 du 8-03-13, p. 15.