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Les associations dénoncent les reculs dans la lutte contre l’exclusion

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Le plan d’économies de 50 milliards d’euros prévu par le gouvernement remet en cause certaines mesures du plan quinquennal de lutte contre la pauvreté, confirmant le scénario redouté par le collectif Alerte.

« Peut-on faire des économies sur le dos de ceux qui n’ont déjà rien ? », se sont indignées les 38?fédérations et associations nationales de lutte contre la pauvreté et l’exclusion réunies au sein du collectif Alerte, au lendemain de l’annonce du plan d’économies de 50?milliards dévoilé le 16 avril par le Premier ministre, Manuel Valls (1). Un plan que n’aura visiblement pas réussi à infléchir la fronde de plusieurs députés socialistes, même si le programme de stabilité présenté en conseil des ministres le 23 avril devrait être ouvert à la discussion jusqu’à son passage à l’Assemblée nationale, le 29 avril.

Le RSA attendra

S’il redoutait déjà des renoncements au détriment des plus pauvres (2), la colère du collectif Alerte n’en est pas moins grande. L’annonce du gel des prestations sociales et de la revalorisation « exceptionnelle » du RSA (revenu de solidarité active) jusqu’en octobre 2015 constitue « non seulement un message désespérant pour les plus fragiles, à qui l’on demande de participer à l’effort collectif au-delà de leurs capacités, mais un choix politique injuste et irresponsable face à l’augmentation de la pauvreté dans le pays », s’insurge-t-il. Avec le report de l’augmentation du RSA de 10 % sur cinq ans, déjà jugée timide, « la mesure phare du plan quinquennal contre la pauvreté tombe à l’eau », précise ATD quart monde, rappelant que le RSA « n’atteint plus que 44 % du SMIC », contre 50 % en 1988.

Egalement dénoncé : le gel de l’aide personnalisée au logement (APL), « qui va toucher plus de 4 millions de bénéficiaires, majoritairement des personnes à bas revenu ou qui vivent sous le seuil de pauvreté », poursuit le collectif. Dans un communiqué commun, l’Union sociale pour l’habitat (USH) et la Fondation Abbé-Pierre s’élèvent contre cette décision « prise en l’absence de toute concertation et de tout échange avec le mouvement HLM ». Elle fait par ailleurs « suite au report de l’indexation de l’APL au 1er octobre 2014, déjà annoncé par le précédent gouvernement en septembre 2013, et que l’Union avait vivement critiqué », rappellent les deux organisations.

La question de la précarité des personnes handicapées ne peut pas non plus être évincée par le gouvernement, souligne, quant à elle, l’APF (Association des paralysés de France). Elle demande que les pensions d’invalidité des personnes bénéficiaires de l’allocation supplémentaire d’invalidité ne soient pas gelées, ainsi que les retraites et pensions d’invalidité en dessous du seuil de pauvreté. Plus globalement, l’APF – qui attend que la mission confiée à François?Chérèque sur la précarité des personnes handicapées se penche sur la question de leurs ressources et de leur reste à charge – demande des « propositions concrètes lors de la conférence nationale du handicap de cet automne ».

Au total, les efforts demandés aux familles représentent un milliard d’euros, qui viennent s’ajouter aux « deux milliards annuels qui leur sont déjà retirés » dès 2014 au titre des mesures décidées l’an dernier pour réduire le déficit des comptes publics, chiffre quant à elle l’UNAF (Union nationale des associations familiales). Parmi ce coup de rabot supplémentaire, le report de un an de l’augmentation du complément familial et de l’allocation de soutien familial, également prévue par le plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté.

Quel pacte de solidarité ?

Dans un courrier du 11 avril, soit avant que le détail des mesures d’économies soit connu, le collectif Alerte avait déjà demandé une audience au Premier ministre. « A l’heure où près de neuf millions de nos concitoyens vivent sous le seuil de pauvreté et cinq millions sont privés totalement ou partiellement d’emploi, il est indispensable d’agir avec vigueur et détermination », a écrit Dominique?Balmary, président de l’Uniopss (Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux) et du collectif.

Le collectif, qui s’inquiétait de la pérennité du plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté, a également appelé le Premier ministre à tenir compte de ses propositions, déjà adressées à ­François Hollande, pour intégrer dans le « pacte de solidarité » des mesures visant, notamment, à favoriser l’emploi des personnes en situation de précarité et à soutenir l’économie sociale et solidaire. « Le maintien de la cohésion ­sociale est un objectif en soi. Il est aussi l’une des conditions de retour à la confiance et du renouveau économique de notre pays. C’est pourquoi nous estimons très souhaitable que la future conférence sociale prenne en compte ces préoccupations », concluait Dominique Balmary.

Notes

(1) Voir ASH n° 2856 du 18-04-14, p. 5.

(2) Voir ASH n° 2854 du 4-04-14, p. 22.

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