Plus d’un tiers des personnes ayant repris un emploi après une période de chômage déclarent avoir changé de domaine professionnel, révèle Pôle emploi dans une étude dans laquelle l’organisme a cherché à comprendre les enjeux de la mobilité professionnelle, à identifier les profils et les métiers les plus concernés et à savoir si la mobilité est garante d’une meilleure insertion professionnelle (1).
Ce sont avant tout les jeunes de moins de 35 ans et en particulier ceux qui sont âgés de moins de 25 ans (41,5 %) qui opèrent ce type de changement de métier, notamment parce que « le début de la vie active est sans doute une période plus favorable à une réorientation professionnelle, voire à une mobilité géographique dans la mesure où elle est largement moins sujette à certaines contraintes, comme les contraintes familiales et notamment la présence d’enfants à charge », précisent les auteurs de l’étude.
En termes de catégorie socioprofessionnelle, « les ouvriers et employés non qualifiés sont les plus concernés par la mobilité professionnelle, tandis que les cadres sont les moins mobiles », détaillent les auteurs de l’étude. « Parmi les plus mobiles à la sortie de chômage, toutes choses égales par ailleurs, se démarquent les demandeurs d’emploi inscrits sur des métiers d’exécution de l’industrie. » Une exception : les métiers des services aux particuliers et aux collectivités, qui se distinguent à la fois par de bas niveaux de qualification et par une très faible mobilité.
Autre facteur qui entre en ligne de compte: la durée de période d’inactivité. Plus celle-ci est longue, plus « le changement de métier se présente alors comme la seule issue possible pour sortir du chômage ». Enfin, dans les départements d’outre-mer (DOM) et en Ile-de-France, la propension à changer de métier à la reprise d’un emploi est moins importante que dans le reste de la métropole, mais pour des raisons différentes: l’Ile-de-France parce qu’elle possède un marché du travail « très dense et dynamique » et les DOM parce que « l’absence de variété et de grandes entreprises ne favorise pas la mobilité professionnelle ».
Les raisons évoquées par les personnes en mobilité pour expliquer leur réorientation professionnelle sont, quant à elles, « multiples », l’étude distinguant par ailleurs les mobilités « raisonnées » (intérêt pour un autre métier notamment) et les mobilités « de fait », souvent contraintes par des raisons économiques. Les femmes sont, par exemple, plus nombreuses que les hommes à évoquer des contraintes personnelles ou l’urgence de retrouver un emploi. Elles souhaitent également davantage reprendre leur ancien métier. « Les adultes âgés de 25 à 34?ans évoquent principalement des motifs tels que la volonté d’exercer un métier précis, le besoin d’améliorer leurs type de contrat, salaire ou conditions de travail, la nécessité de fuir un métier, l’envie [d’en] reprendre un qu’ils avaient déjà pratiqué ou encore la contrainte de trouver un emploi qui soit en adéquation avec leurs situations familiale, médicale ou personnelle. »
Quant aux demandeurs d’emploi ayant un niveau de formation équivalent à bac + 3 ou plus, ils sont relativement plus intéressés par leur ancien métier ou celui pour lequel ils ont été formés, tandis que ceux de niveau bac se réorientent davantage en ciblant un métier précis, pendant que les titulaires d’un CAP ou BEP « aspirent surtout à fuir le dernier métier qu’ils ont exercé ». Les employés, qualifiés ou non, sont plus souvent dans cette logique de rejet du dernier métier exercé.
Enfin, « pour une grande partie des personnes interrogées, la mobilité professionnelle n’est pas motivée par la volonté délibérée d’exercer un emploi précis, mais correspond à des situations où l’urgence et l’obligation de travailler prennent le pas sur la quête de l’emploi idéal ».
(1) « Du chômage à l’emploi: une mobilité professionnelle importante et complexe » – Eclairages et synthèses n° 2 – Avril 2014 – En ligne sur