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Une enquête révèle le malaise des assistants sociaux de l’Education nationale

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Le SNUAS-FP-FSU de l’académie de Lille rend publics les résultats d’une enquête sur la souffrance au travail de ces personnels, en manque d’effectifs et de reconnaissance. Cette première initiative devrait être généralisée à l’échelle nationale.

La démarche est annoncée comme une première : le SNUAS-FP (Syndicat national unitaire des assistants sociaux de la fonction publique)-FSU de l’académie de Lille (Nord, Pas-de-Calais) a rendu publics, le 15 avril, les résultats d’une enquête sur les risques psychosociaux liés à l’exercice du métier d’assistant de service social de l’Education nationale. « La diffusion en CHSCT [comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail] des travaux de l’INRS [Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles] a attiré notre attention sur l’opportunité de s’investir, à titre syndical, dans l’évaluation et le chiffrage de la souffrance au travail », explique Nathalie Gaultier, secrétaire académique du SNUAS-FP.

Perte de postes

Le syndicat s’est donc inspiré des travaux de l’INRS pour élaborer un questionnaire sur les conséquences des conditions de travail des assistants sociaux sur leur santé. Anonyme, celui-ci a été diffusé en juillet 2013 dans l’ensemble des services sociaux de l’académie. Sur un total de quelque 220 professionnels qui interviennent auprès des élèves ou des personnels (les assistants sociaux auprès des étudiants n’ont pas répondu en raison d’une période de surcharge), 30 % ont répondu, dont une grande majorité (92 %) intervenant en établissement.

Les résultats sont très préoccupants : 60 % des personnels du service social en faveur des élèves disent avoir « ressenti le besoin de prendre un arrêt de travail en lien avec une fatigue ou une souffrance au travail » (40 % pour ceux du service social auprès du personnel) et seulement 7 % « ne se sentent pas actuellement en souffrance au travail ». A l’origine de leurs difficultés apparaît, en premier lieu, le manque d’effectifs. 82 % des assistants sociaux exercent dans deux ou trois établissements et 68 % interviennent dans des secteurs de plus de 1 000 élèves. « Nous avons perdu 5 % du corps sous le quinquennat précédent », précise Nathalie Gaultier, alors même que les besoins sociaux s’accroissent. « Selon le bilan social de l’académie, la proportion de familles bénéficiaires du RSA est deux fois plus élevée qu’au plan national, soit 111,8 pour 1 000 », illustre-t-elle. Cette surcharge a des conséquences sur les partenariats externes, les liens avec les enseignants, le temps accordé aux synthèses de situation. « Soit on craque, soit on prend sur notre temps personnel ! », témoigne Nathalie Gaultier. Selon l’enquête en effet, 86 % des assistants sociaux travaillent hors des « horaires de référence » et 91 % ramènent du travail ou consultent leur messagerie à domicile.

Pour l’ensemble des répondants, les conditions matérielles d’exercice représentent une source de stress : 93 % des professionnels qui interviennent auprès des élèves prennent leurs frais de déplacement à leur charge et 77 % estiment que les informations et formations nécessaires à leur pratique sont insatisfaisantes. Contrairement à la circulaire du 11 septembre 1991 qui définit les missions et le fonctionnement du service social de l’Education nationale, 38 % ne disposent pas « des conditions matérielles de confidentialité » et… 14 %?n’ont pas d’armoire fermant à clé.

L’exposition à la violence dégrade également les situations de travail. Parmi les assistants sociaux qui travaillent en établissement, 72 % ont subi des agressions verbales (pour 35 % d’entre elles issues des personnels) et 7 % révèlent avoir été victimes d’agressions physiques. Au total, un quart des professionnels interrogés éprouvent un sentiment d’insécurité.

Pas de soutien hiérarchique

A ces difficultés s’ajoute un sentiment de non-reconnaissance, en partie lié à un manque de valorisation statutaire (maintien dans la catégorie B). Un quart des personnels interrogés se sent « maltraité », « aucun assistant social du service social en faveur des élèves ne se sent identifié auprès du DASEN [directeur académique des services de l’Education nationale] et du recteur » et 58 % « considèrent que leur hiérarchie technique ne perçoit pas la réalité du terrain ».

Un bilan bien sombre, qui amène le syndicat à réclamer auprès du rectorat « un plan rapide de mesures concrètes et un plan de prévention opérationnel à court terme ». Le SNUAS-FP s’apprête à généraliser l’enquête sur tout le territoire. « Elle va être menée dans les autres académies d’ici au mois de mai ou juin, puis les résultats seront agrégés et analysés sur le plan national pour l’automne », explique Samuel Delepine, secrétaire général du SNUAS-FP-FSU. L’enjeu, poursuit-il, est d’« alerter le ministère sur les mauvaises conditions d’exercice » des quelque 2 700 assistants sociaux du service social en faveur des élèves, auxquels s’ajoutent 250 autres qui interviennent auprès des étudiants et 300 auprès des personnels. « Pour les rentrées 2013 et 2014, 100 créations de postes ont été annoncées pour les établissements, ce qui est insuffisant au regard des besoins et des 50 postes perdus pendant le quinquennat précédent », explique le secrétaire général du SNUAS-FP, qui plaide pour la présence « d’un assistant social en établissement prioritaire et d’un assistant social pour deux établissements, dans la limite de 1 500 élèves ». Le syndicat compte aussi peser sur la réflexion du groupe de travail portant sur le service social dans le cadre des travaux sur l’évolution des métiers de l’Education nationale, lancés par l’ancien ministre Vincent Peillon.

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