Comment mettre en place une démarche visant à repérer les ressources d’un territoire et à construire avec la population des modalités de débat et d’action autour d’une question qui suscite sa mobilisation ? Cette interrogation est au cœur d’une recherche-action qualifiante qui a été réalisée pendant dix-huit mois dans la Sarthe, la Mayenne et l’Ille-et-Vilaine, par 25 professionnels de trois associations de Sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence et des enseignants-chercheurs de l’université Paris 13-Nord. Pour Jean-Jacques Schaller, maître de conférences en sciences de l’éducation, coordonnateur de cette restitution collective, l’intervention sociale peut s’engager sur trois chemins : le « faire pour », qui induit généralement des rapports de pouvoir ou des formes de relations contractuelles ; le « faire avec », où l’on échange des biens, des savoir-faire, des contacts ; et le « faire ensemble », qui s’inscrit dans une logique de reconnaissance réciproque et de construction partagée. C’est cette troisième voie que les stagiaires se sont attachés à explorer, s’appropriant l’invitation-injonction lancée par les universitaires à faire un « pas de côté » par rapport à leur manière habituelle d’envisager les problématiques sociales et d’intervenir. « Particulièrement fécond pour le développement de la réflexivité des professionnels », ce décalage a notamment conduit les intéressés à questionner le regard qu’ils portent sur les publics auprès de qui ils interviennent et la place donnée aux bénéficiaires de leurs actions, explique la chercheuse Izabel Galvao, spécialiste des pratiques éducatives.
L’intervention sociale à l’épreuve des habitants
Sous la direction de Jean-Jacques Schaller – Ed. L’Harmattan – 22 €