L’INSEE s’est posé la question en comparant les durées d’accès au logement social de 5 208 ménages, la moitié d’origine européenne et l’autre d’origine non européenne, entre 2001 et 2006. Durant cette période, un tiers de l’échantillon a pu obtenir un logement : 51 % pour les ménages européens et 27 % les non-européens. Sans compter que les premiers ont, en moyenne, attendu deux ans de moins que les seconds. Les chercheurs avancent plusieurs explications : les deux catégories de ménages ne demandent peut-être pas le même type de logement, pour des questions de préférence et de loyer, et ne se situeraient donc pas sur les mêmes segments de marché du logement social. Mais il semblerait aussi que les ménages européens aient un réseau social et/ou de meilleures informations leur permettant d’accéder plus rapidement à un logement social, ce qui serait une discrimination indirecte. En outre, les bailleurs sociaux sont pointés du doigt. Soumis à des contraintes de mixité dans l’attribution des logements, ils semblent désormais privilégier les ménages européens. Consciemment ou non, ils feraient également de la discrimination en catégorisant les ménages non européens comme « à risque », c’est-à-dire ayant davantage de problèmes financiers (non-paiement des loyers), de culture ou d’insécurité (dégradation, violence).
Economie et statistique n° 464-465-466 – 2013 – Disponible sur