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Conférence de consensus sur la recherche : et après ?

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Quelles perspectives pour développer la recherche dans le champ social ? Le 3 avril, lors d’une journée organisée à l’initiative de la chaire de travail social et d’intervention sociale du CNAM (Conservatoire national des arts et métiers) et de l’Unaforis (Union nationale des associations de formation et de recherche en intervention sociale), des chercheurs, formateurs et professionnels ont tenté de tirer les leçons de la conférence de consensus sur « la recherche en/dans/sur le travail social » organisée les 15 et 16 novembre 2012 (1).

Si celle-ci n’a pas clos complètement les débats, elle a néanmoins fait bouger les lignes en dégageant plusieurs points d’accord : le jury a reconnu l’existence des « savoirs professionnels », le caractère interdisciplinaire du champ du travail social, et il a invité à promouvoir des recherches fondées sur la collaboration entre praticiens et scientifiques de différentes disciplines (2).

A partir de là, comment développer une recherche qui aide les travailleurs sociaux dans leurs pratiques et fasse progresser la réflexion collective ? Parmi les leviers, bien sûr, la formation des professionnels. Si Manuel Boucher, directeur scientifique du laboratoire d’études et de recherche sociale (LERS) a défendu la création de laboratoires de recherche intégrés aux centres de formation et composés de chercheurs professionnels (3), François Sentis, directeur général de l’Institut du travail social de PACA et Corse, a soutenu l’idée de faire des écoles « des espaces dédiés à la recherche ». Ce qui implique, selon lui, de créer des postes d’enseignants chercheurs, mais plus largement de repenser l’ingénierie pédagogique pour que les chercheurs et les formateurs soient associés dans les travaux de recherche. Avec comme finalité pédagogique « de former l’étudiant à un métier, mais plus encore, de tirer enseignement de l’exercice de ce métier ». Des réflexions toutefois dépendantes des moyens qui pourront être dégagés dans les centres de formation et, bien sûr, de l’issue du chantier des Hepass (hautes écoles professionnelles en action sociale et de santé).

Par ailleurs, comme l’a rappelé le sociologue Michel Chauvière, le développement de la recherche suppose des leviers administratifs et financiers. Et de plaider pour la création d’une agence de soutien de la recherche dans le champ du travail social, « relativement indépendante et dotée de moyens ad hoc », à l’image de ce que fut la MIRE (Mission recherche et expérimentation) à partir de 1982. « Pourquoi ne pas créer un Haut Conseil ou une commission “Recherche” consultative ? », s’interroge dans le même sens Marcel Jaeger, titulaire de la chaire de travail social et d’intervention sociale, qui juge nécessaire une instance de régulation.

Il faut également des espaces d’échanges et de valorisation des travaux de recherche. Frédérik Mispelblom Beyer, professeur des universités, propose à cette fin de créer un réseau de docteurs issus du travail social tandis que Marcel Jaeger suggère l’idée d’instaurer, à partir des deux doctorats mention « travail social » existants, un séminaire doctoral au CNAM ouvert à toute personne intéressée.

Y aurait-il, par ailleurs des caractéristiques propres aux recherches des professionnels ? C’est, en tout cas, le sentiment de Brigitte Bouquet, professeure émérite du CNAM, qui estime que celles-ci présentent souvent une intuition de départ intéressante, une dimension éthique et font le lien avec les politiques sociales et donc « avec l’utilité sociale au sens noble du terme ». Un point de vue que rejoint le sociologue Michel Autès : « Ce qui fait la spécificité de la recherche faite par les travailleurs sociaux, c’est le regard, la manière d’aborder les choses, qui est à l’interface du singulier et du collectif. »

Les « états généraux du travail social », organisés à la fin de l’année, permettront-ils de faire avancer ces réflexions ? Si elle ne fait pas l’objet d’un groupe thématique spécifique, la problématique de la recherche et du travail social devrait être abordée dans le cadre des autres thématiques, a indiqué Marcel Jaeger.

Notes

(1) Un ouvrage revient sur le processus : Conférence de consensus : le travail social et la recherche – Coordonné par Marcel Jaeger – Ed. Dunod – 26 €.

(2) Voir ASH n° 2784 du 23-11-12, p. 24 et n° 2816 du 28-06-13, p. 17.

(3) Point de vue qu’il a développé dans notre rubrique « Vos idées », parue dans les ASH n° 2851 du 14-03-14, p. 38.

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