« Galette », « modou », « caillou », « kif »… Peu importe comment elle le nomme, Aurélie dépense près de 1 000 € par mois pour son crack. Elle se fournit généralement à la sortie du métro Laumière, à Paris, « centre commercial de la drogue », dit-elle. Pour réunir la somme quotidienne nécessaire, elle fait soit la manche, soit des passes. Chaque matin, elle se rend à la « Boutique » de l’association Charonne, où des éducateurs accueillent les toxicomanes afin de leur permettre de se laver, de faire tourner une machine, de prendre un petit déjeuner, ou tout simplement pour échanger… Les journalistes Benoît Bories et Charlotte Rouault, de France Culture, ont tendu le micro à d’autres « crackés » qui parlent de « plaisir intense », mais aussi de « perte de contrôle », de « faiblesse » et, bien sûr, de « craving », cette impulsion à consommer encore et encore. L’un d’eux confie qu’il lui arrive de ne pas dormir pendant sept jours d’affilée – « tant que j’ai de l’argent pour fumer ». Les reporters interrogent aussi des travailleurs sociaux d’associations du domaine de la prévention et du soin en addictologie et toxicomanie – Charonne et Gaïa – et de différents lieux d’accueil pour « junkies », qu’ils soient « des messieurs-dames du VIIIe ou des SDF ». L’émission « Sur les docks » part ensuite sur le terrain pour suivre des équipes de maraudeurs d’associations de réduction des risques, à la rencontre des usagers sur les « points de vente », pour distribuer du matériel stérile. Au-delà de l’aspect sanitaire, c’est aussi l’occasion pour ces professionnels d’entrer en contact et d’essayer de créer un lien avec les personnes les plus désocialisées, afin de leur donner la possibilité de demander du soutien, si l’envie – rare – de renouer avec la société émerge.
« Crack, usages et mythes : paroles d’usagers » et « Crack, partir de l’existant »
France Culture, émissions « Sur les docks » – Lundi 7 avril et mardi 8 avril à 17 h – Puis en podcast sur