A première vue, il ressemble à n’importe quel téléphone portable. Si ce n’est que ce mobile est équipé d’une touche d’appel d’urgence mettant directement en relation avec un service de téléassistance ouvert 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Au bout du fil, un opérateur formé à l’écoute des femmes victimes de violences dispose d’une ligne dédiée lui permettant de contacter la police ou la gendarmerie pour une intervention immédiate. Les modalités de création de ce dispositif d’alerte pour femmes en très grand danger (TGD) sont racontées de façon très précise et factuelle par l’un de ses principaux acteurs : Patrick Poirret, magistrat du parquet depuis trente ans. Ce dernier a d’abord contribué à initier l’expérimentation du TGD en Seine-Saint-Denis, à partir de décembre 2009, quand il était en poste à Bobigny ; puis, nommé à Strasbourg, il fait de même un an plus tard dans le Bas-Rhin. Même racontée comme ici à la première personne, l’histoire du TGD ne se réduit pas à l’engagement d’un seul homme. Le dispositif s’inscrit en effet dans une véritable démarche partenariale qui, en amont comme en aval de la décision d’attribution du téléphone d’alerte, associe une chaîne cohérente d’intervenants publics et privés mobilisés pour la protection des femmes. C’est ce qui fait l’originalité et l’efficacité de ce système de téléprotection, mais le rend, sans doute aussi, difficile à dupliquer. Néanmoins, le TGD doit être généralisé au cours de cette année par le projet de loi sur l’égalité entre les femmes et les hommes, en attente d’une deuxième lecture au Parlement.
Le Téléphone de Grand Danger. Un téléphone pour sauver des vies de femmes
Patrick Poirret – Ed. L’Harmattan – 14,50 €