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En rage dans la cage

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Manon a 15 ans. Elle va mal. Elle sèche les cours depuis plusieurs semaines, souffre de crises de boulimie et consomme du cannabis. Le jour où elle s’en prend violemment à sa mère, les travailleurs sociaux qui la suivent l’accompagnent devant une juge des enfants, qui lui accorde « une dernière chance avant la prison » : six mois en centre éducatif fermé (CEF). C’est quand les portes de l’établissement se referment sur l’adolescente que commence vraiment Trois fois Manon. Lauréate du Fipa d’or de la fiction au Festival international de programmes audiovisuels 2014, cette mini-série réalisée par Jean-Xavier de Lestrade suit le quotidien de Manon (interprétée par Alba Gaia Bellugi), des autres pensionnaires et des professionnels, entre les murs de la structure. La caméra s’immisce dans les méandres de l’établissement sans jamais nous raconter ce qui se passe au-dehors ; on passe ainsi des réunions de synthèse au dortoir des jeunes filles, des séances avec la psychologue aux ateliers d’initiation professionnelle. La jeune héroïne réussira-t-elle à se libérer de ses démons et à se bâtir un avenir grâce à la prise en charge éducative ? Ou, au contraire, enfreindra-t-elle toutes les règles au point de finir derrière les barreaux ? Elle passera en tout cas par bien des stades, refusera des mains tendues et s’opposera au système. Au CEF, elle se sent comme un loup en cage – l’enfermement dans une société à petite échelle engendre d’ailleurs la formation de clans –, mais craint aussi de retourner chez sa mère, qui l’étouffe. Même s’il n’est pas facile d’avoir de l’empathie pour Manon qui, pendant le premier épisode, ne fait qu’éructer des injures, on angoisse quand les autres pensionnaires tentent de la piéger ou quand les éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse la forcent à téléphoner à sa mère. Avec Manon, les confrontations sont quotidiennes, que ce soit avec une éducatrice pas très claire dans ses relations avec les adolescentes, le directeur du CEF ou même l’avocat venu pour la défendre. Seuls Lucas, un éducateur qui croit en ses aptitudes professionnelles, et madame Barthélémy, l’enseignante qui tente de lui donner le langage et l’imagination comme armes plutôt que la violence, parviennent à la mettre en confiance.

Jean-Xavier de Lestrade n’est pas spécialisé dans la fiction. Avec ses documentaires sur l’affaire Véronique Courjault (Parcours meurtrier d’une mère ordinaire, 2009) ou sur un adolescent noir accusé à tort du meurtre d’une touriste en Floride (Un coupable idéal, oscar du meilleur documentaire 2002), il a surtout montré qu’il était passionné par le rapport des hommes à la justice. Il le confirme avec Trois fois Manon, pour lequel il a réalisé une longue enquête avant l’écriture du scénario. « La fiction permet d’apporter une dimension romanesque. On est proche du réel sans être purement réaliste », affirme-t-il.

Trois fois Manon

Jean-Xavier de Lestrade – Sur Arte, jeudi 10 avril à 20 h 50

Culture

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