Peu de nouvelles têtes parmi les ministres du gouvernement remanié, rendu public le 2 avril, deux jours après l’arrivée de Manuel Valls à Matignon. Mais plusieurs changements intéressent déjà le secteur social dans la nouvelle équipe resserrée, qui compte désormais 17 membres, mais qui doit encore s’étoffer de secrétaires d’Etat la semaine prochaine.
Seuls deux nouveaux venus font donc leur entrée au gouvernement, à commencer par le sénateur-maire (PS) de Dijon, François Rebsamen, qui fera ses premières armes à ce niveau de responsabilités au poste très exposé de ministre du Travail, de l’Emploi et du Dialogue social, sur fond de hausse du chômage et de mise en œuvre de la nouvelle convention Unedic, notamment. Il succède à Michel Sapin, qui devient pour sa part ministre des Finances et des Comptes publics, à la suite du départ de Pierre Moscovici, évincé de Bercy. Un départ qui fait aussi les affaires d’Arnaud Montebourg, ancien député et président (PS) du conseil général de Saône-et-Loire, qui figure parmi les promus de ce gouvernement en récupérant le ministère de l’Economie, tout en conservant son ancien portefeuille au « Redressement productif » et en y ajoutant le « Numérique ».
L’autre personnalité à faire son entrée dans la nouvelle équipe est l’ancienne candidate socialiste à la présidentielle de 2007, Ségolène Royal, nommée à la tête d’un pôle « Ecologie, Développement durable et Energie », décliné par les Verts qui ont refusé de participer au nouveau gouvernement. Le départ de Cécile Duflot laissait donc vacant le ministère du Logement et de l’Egalité des territoires, qui échoit à Sylvia Pinel, membre du Parti radical de gauche, députée du Tarn-et-Garonne, et précédemment ministre de l’Artisanat, du Commerce et du Tourisme.
Par ailleurs, Marisol Touraine conserve la charge du ministère des Affaires sociales, mais son intitulé perd la « Santé » au passage, dont on peut cependant supposer qu’elle sera confiée à un secrétariat d’Etat qui lui sera rattaché, une hypothèse qui reste à confirmer dans quelques jours. L’entourage de la ministre a cependant précisé à la presse qu’elle restait bien en charge de la santé.
Parmi les ministres qui montent en grade à la faveur de ce remaniement, Benoît Hamon, en particulier, quitte son étroit ministère délégué à l’économie sociale et solidaire et à la consommation, pour prendre ses aises à l’Education nationale, à l’Enseignement supérieur et à la Recherche, où il succède à Vincent Peillon.
De même, l’ex-député-maire de Cherbourg, Bernard Cazeneuve, change de stature en passant de la fonction de ministre délégué au budget à l’épineuse charge de ministre de l’Intérieur, où il remplace le nouveau Premier ministre. Et la parisienne George-Pau Langevin, jusque-là ministre déléguée à la réussite éducative, bénéficie du mouvement ascendant pour prendre le maroquin des Outre-mer, à la place de Victorin Lurel.
Enfin, parmi les huit ministres qui conservent leur portefeuille, on peut retenir la ministre de la Justice, Christiane Taubira, qui déjoue tous les pronostics en restant garde des Sceaux, alors que sa réforme pénale, qui devrait être soumise en avril au Parlement, était aussi sur la sellette du fait de l’opposition de Manuel Valls.
De même, Marylise Lebranchu reste ministre de la Décentralisation, de la Réforme de l’Etat et de la Fonction publique, tandis que Najat Vallaud-Belkacem conserve le ministère des Droits des femmes, mais en y annexant le périmètre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports. Exit donc François Lamy et Valérie Fourneyron. La benjamine du gouvernement cède, enfin, sa fonction de porte-parole du gouvernement à Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt.
Au cours de son allocution du 31 mars, au lendemain de la défaite des socialistes aux élections municipales, François Hollande a assigné trois principales missions à ce « gouvernement de combat ». La première consiste à « redonner de la force » à l’économie et à lutter contre le chômage. C’est le sens du « pacte de responsabilité » annoncé en janvier dernier (1) et qui consiste à alléger les charges des entreprises et à réduire leurs contraintes sur leurs activités de façon à permettre plus d’embauches et davantage de dialogue social. Le nouveau gouvernement devra aussi œuvrer pour davantage de « justice sociale ». « Au “pacte de responsabilité”, doit correspondre un pacte de solidarité dont le premier pilier est l’éducation et la formation de la jeunesse; le second, la sécurité sociale avec la priorité donnée à la santé; et le troisième, le pouvoir d’achat avec une réduction des impôts des Français et une baisse des cotisations payées par les salariés », a expliqué le président de la République. Pour y parvenir, le gouvernement aura à mettre en œuvre le programme d’économies budgétaires de 50 milliards d’euros annoncé le 23 janvier dernier lors de la première réunion du Conseil stratégique de la dépense publique (2). Sans « fragiliser la croissance », il devra non pas « faire des économies pour faire des économies » mais « réformer l’organisation des territoires », a insisté François Hollande.
Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et du Développement international
Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie
Benoît Hamon, ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
Christiane Taubira, Garde des Sceaux, ministre de la Justice
Michel Sapin, ministre des Finances et des Comptes publics
Arnaud Montebourg, ministre de l’Economie, du Redressement productif et du Numérique
Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales
François Rebsamen, ministre du Travail, de l’Emploi, et du Dialogue social
Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense
Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur
Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports
Marylise Lebranchu, ministre de la Décentralisation, de la Réforme de l’Etat et de la Fonction publique
Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication
Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire, de la Forêt et porte-parole du gouvernement
Sylvia Pinel, ministre du Logement et de l’Egalité des territoires
George Pau-Langevin, ministre des Outre-mer
(1) Voir ASH n° 2843 du 17-01-14, p. 8.
(2) Voir ASH n° 2845 du 31-01-14, p. 37.