Malgré une baisse globale du nombre d’actes racistes enregistrés en 2013, la montée en puissance de certains phénomènes augure d’une « dégradation de la situation du racisme en France » si aucune « mesure correctrice » n’est prise. C’est en tout cas l’inquiétude exprimée par la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) dans son traditionnel rapport sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie, qu’elle a rendu public le 1er avril (1).
L’instance consultative commence par présenter les données communiquées par le ministère de l’Intérieur sur les « actions » et « menaces » à caractère raciste, xénophobe, antisémite et antimusulman. Des chiffres à prendre avec précaution compte tenu des failles du dispositif statistique et qui, selon la CNCDH, n’ont vocation qu’à « rendre compte de l’écume des phénomènes ». Toutes ces données, indique-t-elle, marquent, une fois agrégées, une baisse pour l’année 2013 avec 1 274 faits constatés contre 1 542 en 2012 (- 20 points). Dans le détail, elles montrent notamment une baisse importante des actes antisémites, en particulier s’agissant des faits les plus graves. Mais aussi une progression des actes antimusulmans, confirmant la tendance à la hausse des trois dernières années. L’année 2013 enregistre, à cet égard, « une recrudescence des agressions à l’encontre des femmes, particulièrement de celles portant le voile », indique le rapport.
Au-delà de ce bilan statistique, qualifié de « contrasté », la CNCDH présente, comme d’habitude, les résultats du sondage d’opinion réalisé par l’institut CSA pour mesurer l’état du racisme en France. Pour la quatrième année consécutive, il montre une montée de l’intolérance en France. Un niveau de racisme assumé en progression, des récriminations de plus en plus manifestes à l’encontre de l’immigration, un sentiment de plus en plus partagé qu’il y a trop d’immigrés en France, des critiques de plus en plus répandues à l’encontre des religions et surtout contre la religion musulmane, une image toujours extrêmement négative des Roms migrants qui se détériore encore par rapport à 2012… : les enseignements qui se dégagent du sondage conduisent à dresser un tableau très sombre. La CNCDH note également qu’un fossé se creuse entre les élites politico-médiatiques et une partie de la société. « Cette coupure, indique le rapport, se joue sur le plan économique et social et affecte aussi l’antiracisme : la question devient un sujet de désintérêt, voire de crispation, et les relais à même de porter la lutte contre le racisme s’essoufflent dans l’opinion publique. »
Ainsi, au final, « un long chemin reste encore à parcourir », estime l’instance consultative, pour qui « la volonté politique doit s’affirmer sans faille, se garder de toute approche communautariste et s’accompagner de mesures concrètes et effectives ».
(1) La lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie – Année 2013 – Prochainement disp. sur