Un collège d’usagers resserré, plus participatif, tels sont les principaux changements qui attendent les huit personnes en situation de précarité, appelées à siéger pour trois ans au Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE). Cette première véritable mandature du huitième collège tire les leçons du passé. En premier lieu, l’accent est mis sur la nécessaire implication des personnes dans un processus de participation citoyenne, afin de leur permettre de bénéficier tout au long de leur mandat de temps de rencontres et d’élaboration avec leurs pairs. Pour cela, l’appel à candidatures envoyé aux associations en janvier dernier a insisté sur leur nécessaire implication dans un collectif de personnes en situation de précarité, local ou national, fonctionnant comme « un espace d’échanges et d’émergence d’une parole collective ».
Le profil des membres est lui aussi affiné. Ceux-ci siègent au sein du conseil pour apporter « une expertise relative à leur propre connaissance des situations de précarité », mais ils ne sont en aucun cas « les porte-parole de l’association qui les accompagne ». De même, les difficultés rencontrées par certains des premiers titulaires en délicatesse avec l’écrit ou le maniement du français ont conduit à revoir le bagage des personnes à la hausse. « Leur participation aux travaux du conseil suppose une aptitude à prendre la parole en public, à préparer des séances plénières par la lecture de document, à transmettre des contributions orales ou écrites aux avis du CNLE, à utiliser les nouvelles technologies. » Ils bénéficieront d’un jour et demi de formation avant le début de leur mandat pour se familiariser avec le CNLE, les travaux qu’il conduit, l’environnement politique et les lois récentes sur la pauvreté.
L’accompagnement du collège sort lui aussi renforcé. Un des problèmes majeurs de la phase expérimentale avait été l’insuffisante mobilisation des professionnels référents désignés par les associations pour soutenir l’engagement des membres, faute, dans la plupart des cas, de temps disponible. Désormais, ce suivi devra être garanti par une inscription dans la fiche de poste des professionnels concernés. Ces référents associatifs devront en outre partager la formation de début de mandat du huitième collège et assister à des temps de rencontre organisés par le CNLE.
Autre changement de fond : la première mouture du huitième collège comportait huit titulaires et huit suppléants pour tenir compte de parcours personnels parfois très mouvants. Mais cette configuration a laissé les suppléants sur la touche en raison de la grande mobilisation des titulaires qui a été constatée. Le nouveau schéma supprime les suppléants et ne prévoit plus que huit titulaires fonctionnant en binômes, soit aussi une division par deux du nombre d’organismes ressources qui passe de huit à quatre. Beaucoup de regrets accompagnent cette mesure, notamment du côté de la FNARS, qui aurait souhaité « garantir la diversité et la pluralité des membres du huitième collège ».
Enfin, le CNLE prend acte des problèmes logistiques qui ont parasité l’expérimentation, au point de conduire le Secours catholique à se substituer à l’administration dans l’organisation des déplacements des personnes. Désormais, l’organisation logistique sera assurée directement par les associations ressources, qui disposeront pour cela d’une enveloppe du ministère des affaires sociales à hauteur de 17 000 € par an.